C’était une promesse de campagne et François Hollande compte bien la tenir. Et pour  ce faire, point de nouvelle loi aux débats interminables mais un décret qui devrait rentrer en vigueur dès la rentrée prochaine. Les prix des loyers à la relocation seront ainsi bloqués. En clair, les loyers ne seront pas gelés mais, en revanche, le propriétaire ne pourra plus profiter d’un changement de locataire pour réviser les tarifs à la hausse. Le nouvel entrant bénéficiera ainsi du même loyer que le sortant. C’est l’indice de référence de l’INSEE, basé sur l’inflation, qui servira de base à l’augmentation des loyers et lui seul. C’est ce que vient d’annoncer la ministre du logement, en charge du dossier, dans les colonnes de Libération, en date de ce jour : « Il s’agit d’une disposition d’urgence pour répondre à la crise du logement qui pèse sur les ménages. François Hollande avait promis l’encadrement des loyers et c’est dans cet objectif que s’inscrit ce projet de décret. »

La mesure vise particulièrement les grandes villes et les zones à forte densité. Ainsi selon la ministre, le décret doit « permettre que, dans les agglomérations et les zones où les loyers ont atteint des niveaux insupportables, l’accès à la location redevienne possible (…)A l’inverse d’autres pays européens où les loyers sont régulés, on est en France dans une situation intenable, où il est devenu impossible de se loger pour les jeunes et pour beaucoup de ménages, qui doivent fuir Paris et les grandes agglomérations. » Et si Paris est particulièrement visé, c’est que les loyers y ont progressé de 3,5% en 2011 contre 2,4% pour la région parisienne, notamment à cause de la fameuse hausse à la relocation qui a bondi de 6%.

Ce décret devrait constituer une mesure d’urgence en attendant une loi en 2013 qui viendra réformer en profondeur celle de 1989. L’idée est de fixer par décret le montant maximum des loyers des logements vacants et de les faire baisser dans les zones aux prix jugés trop excessifs au moment de la relocation. C’était ce qu’avait annoncé en janvier dernier le président alors qu’il n’était encore que simple candidat.  Cécile Duflot s’est engagée à une grande concertation sur le sujet avec tous les partenaires pour y parvenir.

Pour Martine Aubry, interrogé à ce sujet sur France 2, il y avait urgence  « puisqu’on a laissé faire le marché sans rien faire, plus personne n’arrive à se loger. ». Toujours selon elle, « le prix au m2 à Paris c’est 24 euros (alors que) c’est 9 euros le m2 à Munich, la ville la plus chère d’Allemagne ». Cette mesure devrait contenter  la Confédération nationale du logement (CNL) et la Confédération générale du logement (CGL), les 2 principales associations de locataires qui militaient depuis des années pour le blocage des loyers. Il était en effet grand temps de faire quelque chose et de limiter la hausse du prix des loyers qui devrait dans un second temps permettre par répercussion une baisse du prix des maisons. C’est justement la hantise d’un certain nombre des professionnels du secteur. L’avenir nous dira si leur peur était raisonnable.