Difficile de passer à côté de ce terrible drame survenu samedi soir où trois jeunes sœurs (12,13 et 19 ans) issues de la communauté des gens du voyage de Marseille ont perdu la vie, fauchées sur l’A7 dans la Drôme après avoir dû descendre d’un train faute de billet.

Ayant pris à train à Marseille, elles avaient dû en descendre sur les injonctions d’un contrôleur, faute de billets. Sans connaître exactement leur trajectoire par la suite elles se sont retrouvées à marcher le long de l’autoroute là encore sans explication (un automobiliste les a-t-il déposées ou sont-elles passées par un trou dans la clôture de l’autoroute?). Un patrouilleur de la société d’autoroute les a alors aperçues et leur a demandé de repasser derrière les glissières de sécurité. Devant leur refus et la fuite de deux d’entre elles, il a contacté la gendarmerie provoquant la disparition de la dernière d’entre elles, l’aînée. Quelques minutes plus tard, alors qu’elles tentaient de traverser la voie rapide, elles se faisaient mortellement faucher par plusieurs véhicules.

Ce drame a causé un émoi considérable. Pourtant ce n’est pas d’une voix attendrie que je m’exprime désormais puisque j’ai appris que sa famille va porter plainte pour non-assistance à personne en danger contre la SNCF, par l’intermédiaire de l’ineffable Maître Collard, jamais sevré de presse et de notoriété. Il devra donc se dédoubler entre cette affaire et la campagne de Marine Le Pen pour laquelle il ne relâche pas ses efforts. « Cette plainte a pour but de mettre en cause l’agent de la SNCF et la SNCF qui auraient dû, s’agissant de personnes sans titre et sans papier d’identité, informer la police, d’autant qu’on avait affaire à des gens mineurs« , a ainsi déclaré ce jour Me Collard.

On se demande une fois de plus si le célèbre avocat a bien lu le dossier puisque une des « mineurs » était tout de même âgée de 19 ans, plaçant pour le coup les deux autres sous sa responsabilité ! Et moi qui croyais naïvement que VGE avait abaissé la majorité en 1974 de 21 à 18 ans… Plus consternant encore, on a pu lire, dans le Midi Libre en date de ce jour, que « les trois sœurs étaient connues pour se balader énormément ensemble, parcourant des kilomètres à pied » et qu’«  elles étaient parties sans laisser d’explications, sans que cela inquiète leurs parents ». Si je lis entre les lignes, les adolescentes et leur sœur majeure avaient l’habitude d’être livrées à elles-mêmes une grande partie de la journée et de la nuit au point que leur disparition fut jugée tout ce qu’il y avait de plus normale par la famille. Or, pourtant, on cherche un responsable dans cette tragédie. Et on en désigne même qu’on pourra livrer à la vindicte populaire, la SNCF. Qu’aurait dû faire l’agent de la SNCF alors ? Les inviter cordialement au wagon-bar pour les aider à faire passer le temps ? Et si on commençait plutôt par chercher des responsables, si tant est qu’il faille vraiment en désigner, du côté des parents ? Cela constituerait, à mon avis, un bon début de piste.