Vous remarquerez l’absence de jeux de mots de ma part dans le titre, là où bon nombre d’éditorialistes ont craqué : « Batho prend l’eau », « Chavirage de Delphine Batho », « Ca tangue au gouvernement »… A l’arrivée, le résultat est le même. François Hollande a débarqué la ministre rebelle, sans parvenir pour autant à restaurer sa crédibilité.
Soyons clairs. Dans le cas des ministres, la célèbre déclaration de Jean-Pierre Chevènement de 1983 fait référence : « Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l’ouvrir, ça démissionne ». Le problème n’est pas tant de l’ouvrir, mais de choisir le lieu et le moment. Disons que si la ministre ne s’est répandue que dans les médias sur ses états d’âme, il est logique qu’elle parte. Si elle a commencé sa rébellion en conseil des ministres ou en petit aparté, avec le Premier ministre ou le Président, alors sa stratégie peut apparaître judicieuse, comme un moyen de pression et une façon de se dédouaner envers les écologistes, qui n’auraient pas manqué de lui tomber dessus avec ce budget à la ramasse. Le dernier cas de figure est moins noble, plus facile et plus lâche, résumant à merveille l’art subtil de la politique. Il consiste à « fermer sa gueule » quand vient le moment de l’ouvrir pour ensuite jouer sa pleureuse face à la presse.
Quel que soit le cas de figure dans lequel se trouvait la ministre, la sanction est tombée rapidement, trop même semblerait-il. On s’était habitué sous Hollande à une certaine liberté de ton des ministres, qui commentaient tout et n’importe quoi, sans se soucier des répercussions. Or là, la ministre est inconnue du grand public, qui plus est dans un ministère marginal (qui peut décemment croire que ce ministère est une priorité du gouvernement ?!). Dès sa première bévue, elle est limogée, ce qui surprend bon nombre de commentateurs de la vie politique. Un remaniement ayant été annoncé sous peu, n’aurait-il pas été plus logique de la remercier à ce moment-là ? Et quid des ministres qui s’épanchent à longueur de journée dans les médias en toute impunité (qui a évoqué le nom de Montebourg ???) ? Bref, loin de donner l’image d’une poigne forte, François Hollande apparaît surtout comme celui ayant trouvé un parfait bouc émissaire pour tenter de faire croire qu’il est bien le patron. D’ailleurs, certains voient dans cet acte une habile sortie de la ministre, qui se sentant acculée avec ce budget en baisse, aurait sciemment décidé de son sabordage sans donner le plaisir de sa démission au Président.
De même, il donne crédit à tous ses détracteurs qui n’ont jamais cru à la politique environnementale du Président. Ainsi, en un an, nous en sommes à trois ministres puisque Delphine Batho succédait déjà à Nicole Bricq en tant que ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Désormais, c’est au tour de Philippe Martin (PS) de prendre le relais. Les écologistes en ont d’ailleurs profité pour donner de la voix (un peu seulement, rassurez-vous !) en agitant la sempiternelle menace d’un départ du gouvernement, menace qui ne sera, bien entendu, jamais suivie de faits. Eh oui, à l’heure du chômage de masse, chaque ministre reste bien accroché à son strapontin doré, quitte à avaler quelques couleuvres !
Delphine Batho s’est contentée d’une déclaration laconique avant de promettre un grand déballage : « Je souhaite à Philippe Martin bonne chance dans ses fonctions. En ce qui concerne les circonstances de ce limogeage et ses conséquences, je dirai tout dans une conférence de presse demain à 15 heures ». Nul doute qu’elle accouchera d’une souris, un peu à l’image de cette éviction à l’emporte-pièce qui bien loin de rassurer soulève encore plus de doutes sur la capacité du Président à tenir sa barque (ah mince, j’ai craqué !)…
Bah, c’est ba-lot.
[silence très exactement de 2 minutes et 36 secondes dans l'assemblée, le "comique" sourire forcé pendant ce laps de temps, puis ...]
Ballot, bato … [sourire de plus en plus forcé, à en faire pallir le Joker
]
Tcho Le Gain, humoriste
PS : vous n’auriez pas un revolver, chargé de préférence, un papier et un stylo sur vous
Et une éponge tant qu’à faire, ma femme se chargera de nettoyer …
PS2 : et accessoirement, pour les derniers retardataires, je me fous ROYALEMENT de la démocratie, euh de la politique