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Il avait toujours nié s’être dopé jusqu’à présent. Pourtant, il n’y avait aucun doute sur la culpabilité du coureur allemand, symbole du dopage institué en RDA où il a débuté. Toute sa carrière s’est bâtie sur ce doute et a été émaillée de plusieurs affaires de dopages, sans aveux de sa part.

« Oui, j’ai eu recours aux traitements de Fuentes » a déclaré Jan Ullrich dans une interview à paraître lundi au magazine Focus. C’est par cette simple phrase que l’Allemand met fin à des années de mensonge. Et pour se justifier, il utilise un argument simple, celui du mimétisme : « Presque tout le monde prenait à l’époque des substances dopantes ». Plus fort encore, il dit s’être senti obligé d’en arriver là, juste pour être au même niveau que les autres : « Je n’ai rien pris que les autres n’ont pas pris aussi. Selon moi, il y a escroquerie à partir du moment où je me procure un avantage. Il ne s’agissait pas de cela. Je voulais favoriser l’égalité des chances ».

Pour rappel, il avait déjà été contrôlé positif aux corticoïdes en 2001, mais avait pu produire une ordonnance médicale. En 2002, c’est aux amphétamines qu’il est reconnu positif, mais s’en en tire avec seulement 6 mois de suspension en reconnaissant un usage privé d’ecstasy. En 2006, il est rattrapé par l’affaire Puerto ou Fuentes, du nom d’un médecin espagnol qui fournissait bon nombre de coureurs en produits dopants. Alors qu’il préparait le Tour de France, il est licencié et met un terme à sa carrière. En 2007, l’hebdomadaire allemand Focus révélait la prise d’EPO dès 1996, dopage généralise à toute l’équipe Telekom.

En 2008, il avait nié sous serment avoir pris des produits dopants, et ce malgré les aveux de deux coéquipiers de renom, Erik Zabel et Bjarne Riis, et de deux médecins de l’équipe allemande. Plus hypocrite encore, il n’avait pas craqué après les aveux d’Armstrong : « Je ne vais certainement pas faire comme Armstrong et parler devant des millions de personnes même si beaucoup de gens me demandent régulièrement de le faire ». En guise de provocation, il s’était même dit « fier de (s)es deuxièmes places ».

La presse allemande n’est pas tendre avec lui, jugeant ces aveux trop tardifs, à l’image du président de la Fédération nationale de cyclisme Rudolf Scharping : « C’est trop tard. Il aurait pu aider le cyclisme s’il s’était exprimé plus tôt et mis cartes sur table » ou de Werner Franke, expert allemand du dopage : « C’est un nouveau record d’Europe du mensonge. Il avait en 2006 ou 2007 écrit dans quatre langues qu’il ne connaissait pas M. Fuentes ». Et comme un pied de nez à l’histoire de ce sport, son principal soutien provient d’un certain… Lance Armstrong qui a publié sur son compte Twitter : « Jan Ullrich ? Un grand cœur. Un athlète incroyable. Un super compétiteur. J’ai adoré me battre avec toi mon ami ». Entre adeptes de la seringue, de la perfusion, des pots belges et de la mythomanie, on se comprend visiblement! Mais rassurez-vous, depuis tout a changé et vous pourrez regarder la Grande boucle l’esprit léger dans quelques jours…