La troublante stratégie d’Apple

 

Steve Jobs doit se retourner dans sa tombe ! Et pour cause. Tim Cook, son successeur à la tête d’Apple, emprunte la voie contraire à celle prônée par l’ex-gourou. Alors qu’il ne jurait que par le cash disponible par sa société, gage de sa survie grâce à sa capacité d’innovation, et ne voulait pas entendre parler de dividendes aux actionnaires, Tim Cook a pris le contre-pied.

Non seulement la société prévoit de verser un total de 11 milliards de dollars à ses actionnaires en 2013, mais elle compte également racheter pour 60 milliards de dollars d’action, afin de stabiliser le cours d’Apple qui n’a cessé de chuter depuis son plus haut historique à 700$ (450$ à ce jour). En tout, elle déboursera alors plus de 100 milliards de dollars d’ici 2015.

Plus surprenant, pour financer ce plan destiné à rassurer les actionnaires, la société ne va pas puiser dans son immense trésor de guerre (145 milliards de dollars disponibles), mais passer par un emprunt obligataire de l’ordre de 17 milliards de dollars. Il sera réparti en 6 tranches sur des périodes allant de 3 à 30 ans. La raison en est très simple et expliquée par le Financial Times. Vu que les 2/3 du trésor de guerre d’Apple dorment sur des comptes à l’étranger, les rapatrier lui en coûterait 35% d’impôts sur les bénéfices. Il est donc financièrement plus intéressant pour Apple d’emprunter plutôt que de payer des impôts sur la somme nécessaire. C’est ce qu’on appelle de l’évasion fiscale légale,  les grands groupes sont passés experts en la matière. D’autant plus que certains gouvernements les encouragent parfois à faire revenir cet argent sur le pays via un compromis avantageux. C’était notamment le cas sous l’administration Bush. La solution est d’autant plus perverse qu’avec cet emprunt, la société pourrait déduire 1/3 des intérêts en crédit d’impôt (100 millions sur les 300 millions annuels).

L’image renvoyée au grand public est en toute logique assez désastreuse. Apple, qui emploie seulement 5 000 personnes en territoire américain et 700 000 en Asie, préfère donc s’endetter plutôt que de payer des impôts dans son pays. Un analyste, Trip Chowdhry de Global Equities Research, déclare : « Si c’était une petite entreprise, ça irait, mais pour Apple cela envoie le mauvais message (…) Ils feraient mieux d’utiliser l’argent qui est à l’étranger ». Selon lui, le fit de payer des impôts sur ces sommes contribuerait à « créer des emplois, et même plus d’activité pour Apple » aux Etats-Unis. La course aux profits ne connaît décidément aucun répit… Bienvenue au pays du capitalisme sauvage !

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