Etonnante trouvaille que ce compte Twitter d’une enseignante parisienne, repéré par le Nouvel Observateur le premier avril dernier, qui tient à garder son anonymat pour pouvoir continuer d’alimenter son compte en toute tranquillité. Entre deux cours, elle prend le temps de lancer un tweet, tantôt drôle, agacé, étonné, dépité ou corrosif. Bref, en un mot : jouissif !
Le slogan du compte donne le ton d’entrée de jeu: « Un prof, des élèves. No routine » tout comme sa localisation : « Dans l’arène ». Plus de 12 000 followers ont d’ores et déjà succombé à ces petits mots qui donnent bien souvent le sourire.
Et il y en a pour tous les goûts. Du culinaire : « Les odeurs de barbecue en provenance du chantier voisin qui s’immiscent dans la classe et rendent les estomacs fous », du tac au tac : « Combien ça gagne un prof? – Suffisamment pour s’acheter des Malabars toute la vie. – … [bouche bee] », de l’émotif : « Cette collègue, qui donne tout pour les élèves, qui est une étincelle de bonne humeur en salle des profs, et qui se bat contre le cancer », du caustique : « Se surprendre à baisser les bras à l’idée d’expliquer pour la millième fois la différence d’emploi entre passé composé et passé simple », du récréatif : « Croiser ses élèves « sur leur 31″, un samedi soir Gare du Nord », de l’observatif : « Quand il y a une bagarre, ce ne sont jamais les adultes grands et baraqués qui séparent les élèves », du blasé : « Madame, on ne peut pas faire comme en Chine? Ils conjuguent pas eux, ils mettent tous les mots comme ils veulent, et… – Toi chut » ou « Ce parent qui avait promis de venir à 7h30, « parce que vous comprenez moi je travaille toute la journée. » » et encore : « Moi en mime Marceau pour commenter le bulletin à un parent totalement non francophone, sans traducteur ».
L’autocritique fait aussi partie de son lot quotidien : « C’est Zombie party à ProfLand », « Ambiance de Noël en salle des profs : guirlandes de cernes, épaules voûtées, yeux humides, mains tremblantes, choeurs de pfffff », « Cours nul, poussif, ennuyeux, interminable. Je plains les élèves » ou encore cette perle : « Trouvé les questions du contrôle bien nulles. Me souvenir que c’est moi qui les ai pondues ».
Elle explique ce qui la motive : « Je ne parle pas des réformes, ce qui m’intéresse c’est de montrer les coulisses du métier. J’essaye d’inviter les gens dans la classe ». Et de poursuivre : « C’est une source d’inspiration inépuisable. Je pourrais tweeter pendant dix ans sans me répéter ». D’après elle, cet original moyen de communication l’encourage à se remettre en cause : « Twitter m’oblige à repenser à mon boulot et le fait de mettre en mots des situations vécues me permet d’avoir un recul sur ce que je fais ». Et si le tout est fait en humour, elle n’oublie pas toutefois d’évoquer la difficulté du métier : « Quand on est un jeune prof, on se retrouve à côtoyer dans des établissements très difficiles des milieux de haute délinquance, de prostitution. On va dans des quartiers où plus personne ne va ». Et d’ajouter en guise de conclusion : « J’adore mon métier mais je comprends que l’on ait du mal à recruter aujourd’hui. Si j’avais su avant tout ce que j’allais vivre, je ne sais pas si j’aurais postulé ».
Fort heureusement, elle n’a pas eu à se poser cette question pour notre plus grand bonheur ! A retrouver donc tous les jours, même si vous n’êtes pas inscrit sur Twitter (ce qui est mon cas) : https://twitter.com/Petit_Prof
Je ne résiste pas. D’ailleurs, je vous en livre un petit dernier pour la route : « Le problème de la cigarette électronique, c’est que les élèves s’y mettent. Vendue dans des bouiboui. « Trop bon le goût fraise ou coca. » »
C’est sûr que c’est plus drôle que sa collègue qui s’est pendue la semaine dernière dans son école en Lorraine…
L’humour est vital! A privilégier: l’ironie et l’humour noir au troisième degré!
Dire que pendant longtemps je rêvais d’être prof de math
ça m’aurait sans doute aidé à ne pas leurs mettre des baffes tous les jours….
heureusement pour moi, j’ai finalement choisi une autre voie.
Il en faut du courage pour être prof en tout cas. Bravo à eux.
Petit_Prof maîtrise à merveille le principe de l’ironie!
C’est clair qu’il en faut du courage Jack1010. Je crois que tu ne perds rien au change!
ou celui-là affligeant: « Mon fils n’est pas exclu du collège, c’est MOI qui lui dis de rester à la maison. »
La preuve encore avec ce tweet: « Je fais remarquer à cet élève que presque toutes ses phrases commencent par « Wallah… » Lui : « Wallah c’est pas vrai! »"
Ah, ah !!!!
C’est important, de décompresser parce que parfois on sent que les mains et les nerfs picotent
J’en aurai quelques bonnes à rajouter :
« Madame, vous avez fait péter la jupe ? »
« Ma fille n’assistera pas à l’étude dirigée, ça finit trop tard… à moins de dormir à l’hotel !!!!! »
… et beaucoup d’autres que j’ai oubliées !
C’est pas mal aussi Manou!
Par moments, on ne sait pas trop si on doit en rire ou en pleurer…