L’affaire qui secoue l’Etat

Jérôme Cahuzac n’en finit plus de faire des tourments. Ainsi, selon un sondage IFOP pour Le Journal du Dimanche, 60 % de Français sont favorables à un remaniement dont 29% se sont déclarés « tout à fait favorables » et 31% « plutôt favorables ». Et les révélations n’ont pas fini d’affluer, car Edwyn Plenel, à l’origine de l’affaire avec son journal Mediapart, en annonce d’autres tandis que Darius Rochebin, journaliste à la Radio Télévisions Suisse (TSR), vient d’annoncer que la fraude de l’ancien ministre du Budget ne s’élève pas à 600 000 euros comme confessé mais à 15 millions d’euros !

Ceci vient renforcer la thèse soutenue par le journaliste Antoine Peillon, qui s’est livré à une enquête sur l’évasion fiscale. Au micro de France Inter, il avait déjà été très explicite : « De l’argent dormant pour 600 000 euros? UBS se serait donné tout ce mal, aurait exporté de Genève à Singapour, ce modeste tout petit pécule, c’est une blague (…) Avec une ingénierie financière très très lourde, ce n’est pas crédible (…) Le ticket d’entrée pour ce genre d’activité, c’est 10 millions d’euros en général ». De quoi relancer la bombe et annihiler tout projet de retour à l’Assemblée nationale de Pinocchio Cahuzac, puisque selon Claude Bartelone, président de l’Assemblée nationale, l’ancien ministre avait pour projet de retrouver son siège de député comme si de ne rien n’était.

La pression s’accentue d’autant plus que Jérôme Cahuzac est loin d’être le seul à avoir bénéficié du montage fiscal de Reyl & Cie. Les clients de cette dernière société se compteraient par dizaines comprenant des hommes politiques de tout bord, mais aussi des chefs d’entreprises. Et dans ce grand déballage, un autre nom gênant est venu s’ajouter à la longue liste, celui Jean-Jacques Augier, qui n’était que le trésorier de François Hollande durant sa campagne présidentielle victorieuse. Le Monde a ainsi révélé qu’il possédait deux sociétés offshore dans un paradis fiscal, les îles Caïmans. A priori, rien d’illégal ici. Toutefois, le symbole est fort d’un inspecteur des finances qui profite des largesses d’un système qu’il connaît forcément sur le bout des doigts.

Forcément, dans ce contexte délétère, les opposants se frottent les mains. Jean-Luc Mélenchon a appelé les citoyens à descendre dans la rue le 5 mai prochain, jour anniversaire de l’élection de François Hollande pour un « grand coup de balai », prenant de court ses partenaires communistes. La droite se fait aussi pressante, notamment par la voix d’Alain Juppé : « Ce gouvernement n’a plus de crédibilité alors même qu’il y a des réformes extrêmement difficiles à faire (…) Remanier, oui, à condition de changer de politique ». François Bayrou essaye aussi de tirer son épingle du jeu en ressortant un de ses thèmes de campagne, la moralisation de la vie publique. Ses militants sillonnent les marchés, distribuant des tracts et faisant signer une pétition, sans mettre en avant le Modem (pas de signe distinctif sur les tracts). Sur France 2, le leader centriste a lancé : « Il y a un moment où le remaniement devient inéluctable, en particulier si l’on fait ce que je crois absolument indispensable, c’est-à-dire reprendre toutes les questions de moralisation ».

Le PS a tenté de temporiser par la voix de son porte-parole, Harlem Désir, qui propose un référendum pour moraliser la vie publique avec plusieurs propositions concrètes – les mêmes en gros que celles déjà évoquées par François Hollande lors de son allocution télévisée. Mais même cette initiative risque de se retourner contre lui puisque comme le signale Laurent Wauquiez dans Le Journal du Dimanche pour l’UMP : « Attention, il faudra accepter d’en tirer toutes les conséquences si le ‘non’ l’emporte, comme en son temps le général de Gaulle ». La semaine s’annonce cruciale pour un gouvernement qui apparaît plus que jamais affaibli. La question est de savoir combien de temps il arrivera à tenir s’il arrive à tenir… Réponse imminente !

4 thoughts on “L’affaire qui secoue l’Etat

  1. Jérôme Cohuzac says:

    Alalalala incorrigible cet admin :roll:

    Le même qui n’hésitait pas à agiter son fouet du temps de Sarko’ 1er :shock:

    Bluffant :twisted:

    On commence à avoir l’habitude, juste un reflet de la société, chaque président plébiscitement élu traîné dans la boue par ceux-là même qui l’enscensaient et voyaient en lui le Potter de la politique :twisted:

    Affligeant :shock:

    Pour pas changer :twisted:

    « Je n’ai pas et je n’ai jamais eu, ni avant, ni maintenant, de compte en Suisse :cool: Peut-être à Singapour, à Hong Kong, à Nasau ou à Nicosie mais Genève, certainement pas :cool:  »

    [Saisie son arme de chasse et sort son pied droit de sa chaussure gauche ... ]

  2. admin says:

    C’est ce qui s’appelle de l’esprit critique! Mais c’est vrai que cela devient rare dans notre pays. A part quelques journaux (Le canard enchaîné, Charlie Hebdo, Mediapart, Les guignols de l’info) qui tentent de résister à la brosse à reluire des puissants. J’avoue avoir été content de ne plus voir le nain, mais je savais aussi pertinemment que pépère allait très vite me fatiguer…

    La question pour toi n’est pas de savoir si t’as un compte dans un paradis fiscal, mais plutôt de savoir si t’as un compte en France!!! :mrgreen:

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