Bienvenue dans la politique spectacle !

Hollande, Sarkozy : même combat ? Les deux hommes sont a priori bien différents en tous points. En théorie seulement. En pratique, c’est beaucoup moins évident. Pour preuve, leur stratégie de communication bien huilée.

L’entourage de François Hollande a tenu à préciser le caractère exceptionnel du déplacement du président. Euphorique, on n’hésite pas à parler de voyage. De l’inédit nous assure-t-on, le contre-pied de l’ancien président. Or ce voyage de deux jours consiste à découcher une nuit à 300 km de Paris, la belle affaire. Les équipes du Petit journal se sont amusées à remonter dans le temps pour constater que Chirac, Mitterrand, VGE, de Gaulle… en faisaient autant. Ce n’est pas grave. L’essentiel est ailleurs. Il faut donner l’image d’un président proche de son peuple alors qu’il apparaît plus que jamais coupé et que tous les voyants sont au rouge. Un bain de foule doit réactiver l’idée du président normal et faire adhérer les gens à son projet, à sa vision ; faire avec lui le pari de la confiance, de l’avenir.

Le message doit tellement bien passer que le dispositif est entièrement verrouillé. Les forces de l’ordre sont réquisitionnées en nombre, tout comme les militants PS déversés en cohorte parmi les rares « Français normaux ». Les rares manifestants qui osent donner de la voix et jouer le rôle qu’ils sont censés jouer, à savoir interpeller le président sur des problèmes de leur vie quotidienne sont muselés et écartés manu militari comme ce badaud qui a l’outrecuidance folle de demander : « Monsieur Hollande, elles sont où, vos promesses ? ». En réponse, il sera écarté. Le Monde ne s’y trompera pas et titrera au lendemain de sa visite : « Un petit goût de fabriqué ».

Si le nom de Sarkozy a été souvent évoqué pour essayer de montrer que Hollande fait le contraire de son prédécesseur, loin de ses déplacements millimétrés, le résultat est inverse dans les faits. Jamais il ne l’aura autant rappelé. Nicolas Sarkozy avait coutume de ne jamais se déplacer sans ses militants. A plusieurs reprises, il a été accusé d’avoir fait placer des faux ouvriers en visite dans des usines. Et encore tout récemment Michèle Alliot-Marie révélait dans son dernier ouvrage, Une femme au coeur du pouvoir d’Etat, que le Canard enchaîné a pu lire en avant-première, que des faux journalistes étaient aussi présents pour donner l’illusion d’une personne ultra courtisée : « Avant son élection en 2007, je voyais toujours Nicolas Sarkozy arriver entouré d’une nuée de caméras. Certaines portaient les sigles de TF1, France 2, etc., mais d’autres étaient sans marque. Ces caméras, placées par le cabinet même de Nicolas Sarkozy, étaient destinées à véhiculer une image de futur président qui monopolise l’intérêt des médias ».

Le changement attendra là encore. Et en guise de déplacement populaire, François Hollande avait en plus savamment choisi sa destination. La ville de François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon, un des proches du président devait ainsi être sans risque. Alors pourquoi faire appel aux militants et aux forces de l’ordre dont on se demande au final s’ils n’étaient pas plus représentés que les habitants du quartier visité, celui des Grésilles? François Hollande qui ne semble n’avoir qu’un objectif clair, se démarquer de son prédécesseur, emprunte in fine la même voie. Chômage, pauvreté, misère sociale, croissance atone et manipulation des médias ainsi que du bon peuple sont toujours au rendez-vous. Avis aux détracteurs de Hollande, vous voilà rassurés. En 2013, rien n’a changé. Les communicants tiennent toujours l’Elysée et ne sont pas prêts de rendre les armes. Les vrais problèmes attendront. Comme toujours…

 

 

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