Rassurez-vous, je ne connaissais pas non plus le nom de notre ministre des Outre-mer avant d’avoir lu sa déclaration de ce jour concernant Hugo Chavez qui mériterait une mention spéciale dans ‘Le mur du çon’ du Canard enchaîné pour la phrase suivante : « Chavez c’est De Gaulle plus Léon Blum » !
Malheureusement ces mots ne proviennent pas de Jean-Luc Mélanchon, qui s’est extasié à plusieurs reprises devant l’ancien leader du Venezuela, mais bien d’un représentant officiel de notre gouvernement aux obsèques d’Hugo Chavez à Caracas. C’est aux micros de RTL et d’Europe 1 qu’il a confié son émotion : « Il était tout mignon (…), frais, apaisé comme peu(vent) l’être les traits de quelqu’un mort, on avait un Hugo Chavez pas joufflu comme on le voyait après sa maladie (…) C’était émouvant » avant de déraper tout doucement mais sûrement : « On peut ne pas être d’accord avec telle ou telle action de Hugo Chavez mais les gens sont fiers de ce qui a été fait en 14 ans ». Galvanisé par ses propos, il en rajoute une couche : « Toute chose égale par ailleurs, Chavez c’est de Gaulle plus Léon Blum. De Gaulle parce qu’il a changé fondamentalement les institutions et puis Léon Blum, c’est-à-dire le Front populaire, parce qu’il lutte contre les injustices (…) Moi je dis, et ça pourra m’être reproché, (…) que le monde gagnerait à avoir beaucoup de dictateurs comme Hugo Chavez puisqu’on prétend que c’est un dictateur. Il a pendant ces 14 ans respecté les droits de l’Homme ».
On ne sait si on doit rire ou pleurer à la lecture de ce panégyrique. J’ai même cru qu’il allait proposer sa béatification voire même sa sanctification ! D’ailleurs, ce dernier mot lui a échappé quand il évoque l’embaumement du corps de Chavez : « On avait l’impression qu’il y avait là une sorte d’opération, je pèse mes mots, de sanctification ».
Cet aveuglement s’il est à la rigueur compréhensible pour un membre du Front de gauche est, en revanche, inadmissible pour un élu PS, ministre de surcroît en représentation officielle. Le sympathique Chavez n’hésitait pas, par exemple, à envoyer en prison des syndicalistes qui osaient revendiquer et faire grève. La lutte contre la pauvreté engagée par Chavez est loin d‘avoir rencontré la succès escompté. Et parallèlement, les problèmes d’insécurité, d’inflation, de logement et de sous-emploi n’ont fait qu’empirer. Même la fameuse marche vers le «socialisme» a du plomb dans l’aile avec une part du secteur privé dans le PIB vénézuélien qui n’a fait qu’augmenter sous les mandats d’Hugo Chavez. En 2011, le parti communiste vénézuélien dénonçait d’ailleurs cette politique en affirmant que non seulement « le modèle de capitalisme dépendant rentier et improductif dominant dans notre pays se perpétue, mais qu’il se renforce».
La liberté d’expression était un mirage et les chaînes et radio sous l’emprise totale de leur maître, qui ne cessaient de parler et de diffuser des images de Chavez, faisant penser à son grand ami, Fidel Castro, qui usait de la même propagande. En terme de liberté de la presse, le Venezuela sous Chavez était classé 120ème sur 179 ! Pour s’en convaincre, il suffit de se référer à son discours de janvier 2010 : « J’exige la loyauté absolue envers mon leadership. Je ne suis pas un individu, je suis un peuple… Unité, discussion libre et ouverte, mais loyauté… Tout le reste est trahison ». Bref, la définition même de la démocratie comme on peut le voir. On ajoutera qu’entre grands démocrates, on se serre les coudes et que Chavez ne cessera de défendre les frères Castro, Mouammar Kadhafi, Bachar Al-Assad, Mahmoud Ahmadinejad ou encore Alexandre Loukachenko. Que des gens bien en somme, des mecs sympas avec qui Victorien Lurel aurait tant à partager…
« Le sympathique Chavez n’hésitait pas, par exemple, à envoyer en prison des syndicalistes qui osaient revendiquer et faire grève »
Il est cool, en Chine ils sont exécutés…
Ben carrément qu’il était cool…pour un dictateur!
Ceci dit la comparaison avec la Chine est très bonne, qui est, d’après l’ami Lurel, le nouveau visage de la vraie démocratie…