Barack Obama vient ce jour de perdre en crédibilité. Lui qui a toujours affirmé que le sequester, les coupes budgétaires automatiques, ne rentrerait jamais en vigueur doit se rendre à l’évidence. Les Etats-Unis rentrent dans l’austérité avec un plan drastique d’économies de 85 milliards de dollars d’ici fin septembre.
Le débat fait rage depuis des années de l’autre côté de l’Atlantique pour trouver une issue favorable à l’endettement de la première puissance mondiale. Barack Obama ne disposant pas d’une majorité au Congrès (la chambre des représentants est aux mains des républicains tandis que le Sénat est démocrate), il doit obtenir un compromis. Or les deux partis ont des vues divergentes sur les moyens de réduire le train de vie des différents états. Les démocrates prônent la hausse des impôts là où les républicains proposent grosso modo l’inverse. L’année dernière, faute d’un accord global, il avait été décidé que des coupes budgétaires s’appliqueraient automatiquement à compter du 1er janvier 2012. Jusqu’à présent, les Etats-Unis avaient évité le pire avec des accords bricolés et provisoires, repoussant juste le problème. In extremis, les deux partis avaient réussi à repousser le délai au 1er mars 2013. Mais aucun n’a voulu céder de terrain. D’où la situation actuelle.
Concrètement, le budget fédéral va être abaissé de 85 milliards dans les prochains mois. Toutes les agences gouvernementales vont donc voir leurs fonds amputer de 5%. Des centaines de milliers de fonctionnaires vont donc subir des congés sans solde, des jours de chômage technique voire des réductions de salaire de l’ordre de 20%. Ceci concerne toutes les lignes budgétaires, sans exception. Le scénario catastrophe prévoit une augmentation de 30 à 50% du temps d’attente dans les aéroports en raison du manque de personnel prévisible. 10 000 emplois de professeurs sont aussi menacés, car dépendants des aides fédérales. L’armée sera aussi touchée et encore plus durement avec une baisse de budget de 8%.
Néanmoins, Barack Obama craint plus que tout l’effet « boule de neige ». D’ailleurs, en écho à ses craintes, le FMI a annoncé qu’elle allait devoir réviser la prévision de croissance des Etats-Unis de 2% pour 2013 à la baisse. Un porte-parole de l’institution voit même plus loin encore : « Il y aura un impact sur la croissance mondiale ». L’Europe étant un partenaire commercial privilégié, elle sera de toute évidence également impactée par la décision américaine.
Le président des Etats-Unis ne décolère pas après la réunion ratée de la dernière chance. Pour lui, les républicains sont les seuls responsables des coupes budgétaires qu’il qualifie de « stupides » et de « pas nécessaires ». Pourtant, sa responsabilité est également engagée tout comme sa crédibilité. Pour preuve, en octobre dernier, il affirmait encore sur un ton péremptoire, au cours d’un débat électoral contre Mitt Romney : « Je veux commencer par rappeler que ce n’est pas moi qui ai proposé le sequester, mais le Congrès. Cette proposition ne se concrétisera pas ». Son principal adversaire politique, Mitch McConnell, chef de file de l’opposition, s’est engouffré dans la brèche, raillant la vision catastrophique d’Obama et lui laissant au passage la responsabilité du fiasco : « Le président raconte partout que la fin du monde est proche, tout ça parce que le Congrès va peut-être finir par appliquer une disposition qu’il a lui-même promulguée. Pendant ce temps, il fait comme s’il n’avait aucun moyen de s’y opposer. [...] En ce qui me concerne, je ne pense pas que l’apocalypse nous menace si les coupes budgétaires automatiques sont appliquées. Toutefois, notre pays se porterait bien mieux si les démocrates qui tirent les ficelles à Washington arrêtaient de faire campagne et coopéraient avec nous pour réduire le budget de façon rationnelle ».
Son second mandat débute en tout cas de la plus mauvaise des manières et pourrait bien le brider par la suite dans toute tentative de réforme. Les Etats-Unis vont donc connaître ce que nous connaissons déjà : la rigueur budgétaire. Jusqu’à présent, ils avaient pu s’en passer grâce à l’étalon-dollar, base de tous les échanges commerciaux mondiaux. Il leur suffisant de faire fonctionner la planche à billets. Oui, mais voilà, les rotatives à force de trop fonctionner commencent à rendre l’âme. De quoi sérieusement gripper le redressement économique des Etats-Unis, qui commençaient à peine à se remettre de la crise des subprimes. Et de retarder encore plus cette de l’Europe qui n’avait pas besoin de cette difficulté supplémentaire dans un contexte économique des plus moroses. Les bonnes nouvelles continuent d’affluer…
Pourquoi parler de crise alors que nous vivions au-dessus de nos moyens et que c’est encore le cas, la situation est logique …
Et elle durera advinam eternam tant que les dettes ne seront pas résorbés
La Chine est le nouvel ElDorado et je me suis déjà mis en coque avec eux pour élaborer mon futur business
(en parlant de dettes, bien celle de Man U
)
Je suis d’accord avec toi Lincoln. D’ailleurs, j’évite généralement de parler de crise, préférant plutôt le terme de transition. Une crise est par définition éphémère et sous-entend qu’on reviendra in fine à la situation antérieure. Or là, ce n’est pas du tout ce vers quoi nous tendons mais bien vers une mutation de société.
Mu se porte très bien. La preuve, son cours de bourse est en pleine bourre ce qui est inédit pour un club de foot (+24% depuis son introduction)!