Les voilà. On les annonçait depuis un petit moment, ces nouveaux radars embraqués capables de verbaliser 9 véhicules par minute, sans flash, par devant et par-derrière, de jour comme de nuit, et dans n’importe quel sens de circulation. Ils seront totalement invisibles et fonctionneront par infrarouge. 18 départements sont concernés par leur mise en place dès le 15 mars prochain.
Alors pour annoncer en douceur l’arrivée de ces machines à cash, les autorités ont pris des gants. Ainsi, elles annoncent qu’elles ne verbaliseront que les grands excès de vitesse. Ceci ne découle pas d’une quelconque générosité, mais plutôt d’une potentielle marge d’erreur de 10% de ces nouveaux joujoux. Pour exemple, il faudra rouler à 146 km/h sur autoroute pour se faire verbaliser. Avec 10% de moins, cela donnera une vitesse retenue de 131 km/h. De même ne seront concernés que les véhicules qui doubleront la voiture banalisée. A bord, deux policiers ou gendarmes en uniforme s’occuperont de jouer les touristes en sillonnant les routes à longueur de journée. Aurélien Wattez, chef du département du contrôle automatisé à la Sécurité routière, précise : « La nouveauté, c’est que ces radars vont effectuer des contrôles à partir de véhicules insérés dans le flot de circulation. L’objectif est de se fondre parmi les automobilistes ». Tout un programme !
Dans un premier temps seulement. Les commandes de ces radars de nouvelle génération ont été passées en grand nombre et l’essentiel du territoire sera couvert sous peu. L’objectif est d’avoir 300 véhicules équipés d’ici 3 ans, soit un rythme de 100 par an. Dès cet été, après la phase dite de test, ils traqueront sans relâche les automobilistes dans les 2 sens. Et nul doute sur le fait que la marge d’erreur sera rapidement ramenée à 5% comme elle l’a été à 3 au lieu de 5% pour certains nouveaux radars. De quoi redouter une hécatombe du point de vue des conducteurs. Et de se frotter les mains pour les agents de l’Etat.
Frédéric Péchenard, délégué interministériel à la Sécurité routière le rappelle : « Avec les radars automatiques, on est passé de 8 000 décès en 2002 à 3 645 l’an dernier ». Et s’il est incontestable que la répression, avec les radars à leur tête, a contribué à sécuriser le réseau et épargné de nombreuses vies humaines, le côté froid de ces machines fait tout de même peur. Il est parfois nécessaire d’accélérer sur une voie d’accélération pour s’insérer « proprement » dans la circulation. De même, sur nationale, on a rapidement fait de dépasser la limitation pour se débarrasser d’un camping-car ou d’un camion gênant. Et c’est bien ce qui me gêne dans ce système, le caractère automatique de la sanction. Vous pouvez rouler 1 000 kilomètres en respectant les limitations et vous faire attraper bêtement en essayant de faire un dépassement net sur ligne droite.
Et d’un autre côté, l’autre gros problème, première cause de mortalité sur les routes, l’alcool n’est toujours pas pris en considération. Alors, certes, je n’irai pas critiquer frontalement cette mesure. Mais j’aimerais juste qu’on me dise que l’argent récolté serve à sécuriser des carrefours dangereux, à financer des campagnes de prévention à la sortie des boîtes de nuit et à accentuer les dépistages d’alcoolémie. Pas à renflouer les caisses de l’Etat, ce qui était encore le cas il y a peu de temps (1/3 des recettes). Cela rendrait l’argument sécuritaire un peu plus crédible. Pour d’autres, comme un avocat spécialisé dans la défense des automobilistes, il ne s’agit de toute façon que d’un « effet d’annonce pour donner la fausse impression que la vitesse sera surveillée partout et tout le temps ».
Les 18 départements concernés dès le 15 mars : Bouches du Rhône, Paris, Essonne, Somme, Oise, Loiret, Haute-Garonne, Rhône, Nord, Moselle, Gironde, Pyrénées-Orientales, Vaucluse, Loir-et-Cher, Alpes-Maritimes, l’Ille-et-Vilaine, le Calvados et Loire-Atlantique.
La vidéo sur le site du Parisien (1min 18s) : Les nouveaux radars seront invisibles