Focus sur la semaine à 4 jours et demi

Les enseignants du primaire sont dans la rue ce jour et tiennent à le faire savoir. On estime les grévistes à 1 sur 3 en France tandis que ce chiffre passe à 2 sur 3 à Paris. La réforme faisait pourtant encore l’unanimité il y a peu, tant du côté des syndicats, des parents que des enseignants. Alors que s’est-il passé pour en arriver là ?

Sur le papier l’idée était bonne : raccourcir les journées des enfants du primaire et les faire travailler une demi-journée en plus, le mercredi matin. Il était question de 3 heures d’enseignement le matin et 2 h 30 l’après-midi avec une fin des cours estimée à 15 h 30. Après, plusieurs options étaient envisagées dont du soutien scolaire pour les plus en difficulté, de l’aide aux devoirs et des activités extrascolaires. On en était là à la rentrée 2012 et tout le monde applaudissait des deux mains, enseignants en tête.

Oui, mais voilà, entre temps, les consignes se sont affinées et les choses se sont précipitées pour passer de la théorie à la réalité. Trop même. Les enseignants et les municipalités ont donc demandé le report de la décision initiale de début février à fin mars. Ils ont donc encore un peu plus d’un mois pour dire s’ils vont adopter la nouvelle organisation dès la rentrée 2013 ou s’ils préfèrent la reporter d’un an. Le ministère de l’Education nationale manie le bâton et la carotte. Les municipalités qui refusent l’immédiateté de la réforme doivent se justifier tandis qu’on garantit 50€ par élève/an pour celles qui veulent franchir le pas dès septembre.

Concrètement, chaque commune peut choisir son mode d’organisation avec une seule logique, bien loin du soi-disant bien-être de l’enfant : leurs finances. Déjà pour éviter qu’elles aient à recruter massivement, un décret magique a élargi le taux d’encadrement des personnels municipaux. Pas bête, il suffisait juste d’y penser ! Certains inspecteurs ont même annoncé qu’il serait préférable de reprendre les cours à 15 h pour respecter au mieux les rythmes de l’enfant ce qui ferait une pause de 3 h le midi et allongerait au final la journée de classe. On a donc du mal à comprendre l’intérêt. Et surtout que faire pendant cette pause ? On voit bien que les communes richement dotées saisiront là l’occasion de proposer des activités enrichissantes aux enfants. Mais qu’adviendra-t-il des plus pauvres ? Cela risque de se résumer à une récré géante. Et quels locaux pour accueillir tout ce petit monde ? Les classes pardi !

Du coup, les professeurs, en grande majorité favorables au projet initial ont désormais l’impression d’être les dindons de la farce. Sur le terrain, la décision finale revient à la mairie et les enseignants sont tout juste consultés. Certains seront mis à la porte de leur classe avec un énorme trou dans l’emploi du temps. Surtout, certaines mairies choisiront le mercredi, d’autres le samedi, certaines proposeront des activités payantes, d’autres pas (enfin pas directement, mais les impôts locaux flamberont) quand certaines ne proposeront rien. Avec des journées identiques, voire plus longues, si on applique à la lettre le mot d’ordre de la hiérarchie locale (reprise à 15 h !). A l’heure du choix de l’école, ces options influeront forcément. De même, avec les familles recomposées, les enfants avaient pris le pli de basculer d’une famille à l’autre dès le vendredi soir. Un retour à l’école le samedi matin viendrait à nouveau bousculer ce fragile équilibre.

Bref, les motifs de griefs sont nombreux, y compris pour les parents d’élèves qui ont également l’impression d’une réforme brouillon où la souplesse annoncée ressemble plus à du grand n’importe quoi in fine. Un jour fixe (mercredi ou samedi), des horaires cohérents pour réellement réduire la journée et non pas l’allonger ou, au mieux, conserver la même, auraient sans doute permis à cette réforme de passer en douceur. Ajoutons à cela la seule obligation pour l’école publique, l’école privée étant exempte de la réforme (libre à elle de suivre ou non le mouvement) et on obtient une impression générale de bricolage.

Enfin, le ministre de l’Education Nationale, Vincent Peillon, a annoncé officieusement une prime de 400 euros bruts. Or, cette prime existe déjà et est versée aux enseignants devant organiser les évaluations nationales en CE1 et en CM2, pour compenser la surcharge de travail. Cette prime la remplacerait et s’appliquerait, en revanche, en supplément pour les autres enseignants. La vérité n’est donc pas exactement celle énoncée par le gouvernement.

Pour s’en convaincre, il suffit d’une lire le message d’une enseignante du primaire favorable à la réforme, mais pas dans ces conditions, qui reflète bien l’impression d’une majorité des enseignants : Lettre ouverte

 

 

5 thoughts on “Focus sur la semaine à 4 jours et demi

  1. Cvalda says:

    Tcho, ta parole n’a aucune valeur, t’es fonctionnaire! Tout le monde sait que les fonctionnaires disent n’importe quoi!

    Si vous avez des enfants, déménagez dans une commune riche, sinon, sur leurs 2h45 de pause méridienne, après avoir vu Jade, 10 ans, montrer sa … à la cantine, ils passeront 2h sous le préau le midi en compagnie de Jason le cambrioleur de 8 ans, Sohan le gamin qui adore se faire courser par les adultes un couteau à la main, Alexandre schizophrène intégré pour son bien (comprendre économies de sections spécialisées) dans une école normale et Valentin le tebê de service qui sait pas parler mais maitrise l’uppercut depuis ses 10 mois. Tout ce petit monde encadré par Yvette, 56 ans, payée 434 euros par mois et qui leur donne des bonbons pour ne pas qu’ils la frappent. Il parait que c’est moins fatigant qu’un travail fait dans le calme en classe avec un adulte formé qui assure leur sécurité… Franchement, perso, ça me fait …pour les miennes! Tcho, tu nous paierais pas un appart à Rambouillet dans ta grande mansuétude, une goutte d’eau pour toi!

    Pourquoi font-ils tout cela alors? La réponse en image:

    http://img92.xooimage.com/files/d/9/6/stef-liberalisme-3bbfb5d.jpg

  2. admin says:

    Oui et non. C’est avant tout le père d’élève qui parle! Et justement avec les autres parents, vu l’immense fortune de notre commune, on craint le pire! :evil: Sans compter tous les autres problèmes comme les activités extra-scolaires. Elles sont bien souvent regroupées entre plusieurs communes donc que se passera-t-il en cas de jours d’école différents? C’est bien là le souci. On a l’impression d’un bricolage qui va perturber le fonctionnement des petites communes et surtout alourdir une fois de plus notre facture d’une manière directe (péri-scolaire payant) ou indirect (impôts). En plus, dans mon secteur, plusieurs écoles privées ont suivi le mouvement ce qui est plutôt rarissime, d’autant plus qu’elles n’ont pas l’obligation de repasser à la semaine à 4,5 jours. Avec quel bénéfice surtout? Franchement raccourcir les journées de classe pour rallonger au final les journées de présence, cela paraît d’une absurdité totale… :???:

  3. Tcho says:

    Cvalda :arrow: comment dire :roll:

    Je ne traine jamais avec les pauvres, j’essaie d’avoir le moins de contact et je n’ai jamais prit pitié pour eux, je les regardes souvent dans les émissions du dimanche genre Capitol et compagnie, et j’en rigole en brulant des billets avec la mondanité, les plus sales forcément, et je regarde en même temps mes lingots parsemants mon manoir avec des étoiles dans les yeux, j’ai toujours rêvé de cette vie et j’y suis :shock:

    Donc, ce sera NON.

    :twisted:

  4. Cvalda says:

    Bon ben tant pis pour Rambouillet…de toute façon j’aime pas Pagny!!
    Ne t’enfuis pas pour autant mais ce blog sur lequel tu viens…c’est celui d’un pauvre!
    Dilemme?

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