A entendre le Premier ministre ce matin à la radio, j’ai cru que le chômage avait été éradiqué par un coup de baguette magique par le gouvernement. En écoutant plus attentivement, j’ai senti que quelque chose clochait. Le timbre de voix se révélait trop monocorde et le discours général trop humble. Quelle était donc cette fantastique nouvelle alors relayée par tous les médias ?
Après quelques recherches, je me suis aperçu que le gouvernement se réjouissait juste de l’arrêt de la hausse de la courbe du chômage me rappelant un scénario déjà connu… La courbe s’est tout juste stabilisée en décembre, enregistrant quand même une hausse de 300 demandeurs d’emploi pour atteindre le chiffre record de 3 132 900 personnes, le record depuis 1997 ! Et encore, on n’évoque là que le sort des chômeurs de catégorie A, soit ceux qui cherchent un CDI à temps complet. En additionnant toutes les catégories, le chiffre de 5 millions est atteint !
Le gouvernement a joué la fausse modestie, Jean-Marc Ayrault parlant de bataille ni « terminée » ni « gagnée » : « Il ne faut pas tirer des conclusions des chiffres d’un mois. [Cela] doit nous motiver davantage contre le chômage, c’est-à-dire réussir cette bataille de l’emploi ». La journaliste le relance en demandant si le chômage va se mettre à baisser et cette simple question suffit à faire sortir l’ancien maire de Nantes des rails de son exercice de satisfecit égotiste. Il bafouille qu’il n’en sait rien avant de se reprendre, lucide : « Renverser la courbe du chômage, ce n’est pas gagné ». Et pour cause, le gouvernement ne peut agir qu’à la marge. Déjà au début des années 90, un des plus proches collaborateurs de François Mitterrand estimait à environ 5% la marge de manœuvre sur la courbe de chômage (Journal apocryphe d’un Président).
Cela n’empêche pas la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, de parader sur Europe 1 : « Cela faisait des mois que le chômage était considéré comme une fatalité. Eh bien nous voyons qu’en mobilisant les bons outils et en en faisant une priorité des politiques publiques, il est possible de desserrer les contraintes et de renouer avec la croissance, l’activité productive et donc avec l’emploi ». Elle réaffirme ensuite la volonté du gouvernement de se battre « emploi par emploi ».
Cela me rappelle étrangement les relents démagogues d’un certain président qui promettait d’aller chercher la croissance avec les dents avec tout le succès qu’on lui a connu ! Il fut un temps où l’ancien gouvernement se réjouissait, non sans rire, de la baisse dans la hausse – comprendre une hausse moins soutenue ! Avec des prévisions de croissances atones, bien en deçà de celles intégrées dans la loi budgétaire de 2013, une industrie automobile exsangue, des dossiers chauds à venir (Goodyear), le gouvernement devrait définitivement adopter le profil bas. D’autant plus que Pôle emploi anticipe déjà une importante correction statistique à la hausse pour janvier. Le vrai courage politique serait tout simplement de dire la vérité, à savoir que le gouvernement se trouve plus dans le rôle de spectateur que d’acteur. Mais cela est bien entendu impossible et absolument tabou. Le mythe de l’action politique doit perdurer et avec lui l’adage : « Quand on veut, on peut ». En tout cas, j’ai hâte d’entendre les réactions à chaud des acteurs de notre sitcom préférée le mois prochain.