Depardieu : l’homme à abattre ?

Pas un journal qui ne manque d’évoquer notre Gégé national en passe de devenir belge. L’acteur aurait moyennement apprécié de se faire traiter de « minable » par le Premier ministre. Aussi a-t-il décidé de lui envoyer une lettre ouverte dont s’est fait l’écho le Journal du Dimanche. C’est cette lettre qui a mis le feu aux poudres. Gérard Depardieu, non content de s’exiler fiscalement en Belgique, aurait également demandé à renoncer à la nationalité française. Le maire de Néchin, Daniel Senesael, la ville d’adoption de Depardieu confirme : « Monsieur Depardieu a demandé comment faire pour obtenir un passeport belge et comment bénéficier de la mutuelle (Sécurité sociale). Je lui ai expliqué les démarches à accomplir ».

Il en explique les raisons dans sa fameuse lettre à Jean-Marc Ayrault. Morceaux choisis : « Minable, vous avez dit ‘minable’ ? Comme c’est minable (…) Je ne demande pas à être approuvé, je pourrais au moins être respecté ! Tous ceux qui ont quitté la France n’ont pas été injuriés comme je le suis (…) Je n’ai jamais tué personne, je ne pense pas avoir démérité, j’ai payé 145 millions d’euros d’impôts en 45 ans, je fais travailler 80 personnes (…) Je ne suis ni à plaindre ni à vanter, mais je refuse le mot ‘minable (…) Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent en fait la différence doit être sanctionnée (…) Des personnages plus illustres que moi ont été expatriés ou ont quitté notre pays. Je n’ai malheureusement plus rien à faire ici, mais je continuerai à aimer les français et ce public avec lequel j’ai partagé tant d’émotions ! (…) Malgré mes excès, mon appétit et mon amour de la vie, je suis un être libre Monsieur et je vais rester poli ».

Les rédactions se sont mobilisées sur le sujet, certains invitant les internautes à prendre la parole à la suite d’un sondage éclair comme Le figaro avec une question assez tendancieuse – on peut être contre sa décision tout en comprenant sa colère ! – : « Comprenez-vous la colère de Gérard Depardieu ? ». D’autres, d’un autre bord politique, répliquent avec la même arme, par une lettre ouverte comme Marianne : http://www.marianne.net/Lettre-ouverte-a-Gerard-Depardieu_a225275.html

Quant aux politiques, ils s’en sont donné à cœur joie, chacun allant de sa petite phrase vacharde. Le ministre du Travail Michel Sapin ne prend pas de gants : « Au-delà de la personnalité, au-delà du talent, c’est une forme de déchéance personnelle que je trouve dommageable. Je ne dis pas déchéance pour la personne, je dis que c’est une attitude pas à la hauteur de l’acteur » tandis que la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, lui taille un costard : « Quand on abandonne le navire, quand on déserte, car nous sommes dans une guerre économique, on ne vient pas en plus donner des leçons de morale aux autres (…) on regrette que Gérard Depardieu ne retourne pas au cinéma muet ». Bien évidemment, à droite, on ne mâche pas ses mots non plus. La présidente du Medef, Laurence Parisot, soutient l’acteur en se disant « choquée » des critiques socialistes et en profite pour remettre son sujet de prédilection sur le tapis : « Le fond de notre sujet, c’est qu’il y a aujourd’hui dans notre pays une folie fiscale à l’œuvre ». Nadine Morano ou Frédéric Lefebvre ont également rapidement annoncé leur soutien sur Twitter alors qu’Hervé Morin, président du Nouveau Centre, voit carrément Gérard Depardieu comme « le porte-parole de cette majorité de Français qui ne se reconnaît pas dans la politique de découragement qui est celle du gouvernement ».

Bref, chacun est prié de choisir son camp. Or, évidemment, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Nous n’en sommes pas encore à un impôt confiscatoire en France et il serait bon de rappeler que la fameuse taxation à 75% ne concerne que les revenus supérieurs à 1 million d’euros, le premier million se contentant d’une taxation classique. J’aimerais bien parfois qu’on nous dise combien de personnes sont réellement concernées car je n’en connais pas beaucoup – doux euphémisme ! – dans mon entourage proche et nettement moins proche. S’il est vrai que la France n’est pas réputée sympathique avec ses riches, il n’y a pas non plus de chasses aux sorcières. Je crois que le mal est plus profond et que tout le monde critique tout le monde en fonction de ce qu’il est. Un patron sera qualifié de salaud de patron, un riche de salaud de riche, un fonctionnaire de salaud de fonctionnaire, un syndicaliste de salaud de syndicaliste… Vous aurez compris le principe. D’un point de vue personnel, je trouve quand même choquant que bon nombre de Français partent en se plaignant d’un système qui leur a tout de même permis d’éclore. Le cinéma français est un des plus subventionnés, les sportifs bénéficient d’un encadrement de luxe, les artistes de multiples subventions, etc. Donc quand je vois un Tsonga, un Johnny Hallyday, un Charles Aznavour, un Alain Prost, un Houllebecq (même s’il revient maintenant)… nous quitter, j’ai quand même l’impression que leur attitude est minable. Quitte à en froisser certains.

4 thoughts on “Depardieu : l’homme à abattre ?

  1. Julien says:

    Quand on voit que le pognon qu’on donne sert toujours à enrichir un bande de bras cassés, ça donne envie de se casser : BRAVO DEPARDIEU T’AS TOUT COMPRIS ! :mrgreen:

  2. Tcho says:

    On va éviter les décisions prises à la va-vite Julien :twisted:

    Faut peut-être pas pousser aussi loin, l’Italie, c’est bien :cool:

    Ok je déconnes :shock:

    (1000 milliards de dettes, ça passe mais qu’il y ait encore Silvio :shock: )

  3. admin says:

    Euh…oui…c’est bien finalement la France.
    L’info que tout le monde a loupé semble-t-il c’est qu’il se casse en Belgique! :shock:
    Comment peut-on aller en Belgique :?: :?: :?: Et pire, y vivre :?: :!: :twisted: :twisted:

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