Alors que la fin du monde approche et que les habitants vivant près du pic de Bugarach (Aude), le refuge proclamé contre l’apocalypse qui nous guette le 21 décembre prochain, tentent d’en profiter (http://www.lepoint.fr/insolite/la-fin-du-monde-un-commerce-que-les-autorites-veulent-ruiner-05-12-2012-1539694_48.php ) les gens n’auront sans doute rien vu de la révolution en cours. Et pourtant, elle est clairement visible.
Souvenez du mois de janvier 2008. L’affaire Kerviel et ses 5 milliards de perte dont le second procès commence tout juste. La classe politique s’était mobilisée dans son ensemble. Nicolas Sarkozy allait changer le monde. En septembre 2008, quelques mois plus tard, nouveau séisme avec la chute de la banque Lehman brothers. Même discours enflammé contre les banques que les dirigeants allaient remettre au pas. En mai 2012, les gouvernements se suivent mais se ressemblent. Le discours reste le même. A croire que rien n’a été fait en 4 ans.
Or, hier, BFM Business nous apprend que le génial Kerviel, horrible manipulateur et génial pirate, qui a déjoué tout le système de la Société générale n’avait rien inventé. Un an plus tôt, le Crédit Agricole a évité de peu la même mésaventure en limitant ses pertes à 250 millions euros alors qu’un trader avait engagé pour près de 40 milliards de positions risquées. Sans bruit, le trader avait été licencié et l’affaire vient tout juste d’atterrir sur la place publique. Étonnant alors qu’on a nous a juré que Kerviel est et resterait une exception. Or, en ce moment encore, hasard du calendrier, est également jugé sans bruit et (presque) sans caméra Boris Picano-Nacci au tribunal correctionnel de Paris. Son crime : avoir misé sur Lehman Brothers alors au plus mal en espérant que l’établissement soit sauvé. Mauvaise pioche, la loi du « Too big to fail » (règle qui veut que l’Etat ne laisse pas une grosse société faire faillite) échoue avec à la clé une perte colossale de l’ordre de 751 millions d’euros pour la Caisse d’Epargne en octobre 2008.
Alors certes, me direz-vous, c’est du passé. Tout cela est bel et bien révolu et grâce à nos dirigeants qui avaient promis de moraliser la finance, rien de tout cela ne pourrait arriver en 2012. Et bien vous seriez bien naïfs. David Miller est là pour nous le rappeler. Ce courtier américain officiant chez Rochdale Securities a avoué avoir commis une petit boulette. En lieu et place d’acheter 1 625 actions Apple (à plus de 500$ chaque), il aurait passé commande de 1 625 000. Bref une petite erreur qui n’a pas fait rire son employeur qui accuse une perte sèche de 5 millions d’euros. Le FBI s’est saisi de l’affaire et soupçonne une action criminelle puisque « l’étourdi » avait tenté de se protéger. L’erreur ne tient donc pas la route. Ce dernier risque 20 ans de prison.
Surtout, une fois de plus, il a pu miser des sommes colossales sans susciter la moindre réaction de son employeur. Et cela ne se passe pas en 2008 mais bien en 2012. Non, rien n’a changé. Vous pouvez dormir sur vos 2 oreilles, le monde est toujours aussi fou. Aucun risque que tout s’arrête du jour au lendemain donc…
Les paroles de Bruno Gaccio sur la World Company, ex-auteur de Guignols, prononcées il y a 2 mois, restent plus que jamais d’actualité (2min19): Bruno Gaccio sur les promesses en suspens du candidat Hollande