C’était il y a 4 ans. Le mardi 4 novembre 2008 et, décalage horaire oblige, le mercredi 5 novembre en France. Pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis, un président noir était élu. La vague d’allégresse était réelle et les espoirs fondés sur un seul homme énormes. On avait l’impression qu’il allait changer le monde même si les plus pessimistes disaient de lui qu’il avait tout d’un blanc. Il fallait comprendre par là qu’il avait été élu grâce à de puissants lobbies qui allaient forcément demander le renvoi d’ascenseur. Rien n’allait changer donc si ce n’était la couleur de peau du président. On voyait d’ailleurs les sympathiques gars de la World Company se bidonner dans les Guignols de l’info quand PPDA leur annonçait que tout allait changer. Comme un mauvais présage.
4 ans plus tard, la ferveur est nettement retombée. La campagne s’est à nouveau faite dans les mêmes conditions, à coup de milliards de dollars. Les Américains n’en pouvaient plus de devoir se coltiner à chaque coupure pub les campagnes des candidats. Un publicitaire se frottait les mains en disant que les budgets étaient tels que les chaînes n’avaient même pas assez de temps d’antenne pour tout passer. Certains citoyens se plaignaient du harcèlement continu avec des membres de chaque camp qui venaient les traquer jusque dans leur domicile via le téléphone. Enfin seulement dans les États en ballottage. Les autres, ceux acquis à un camp ou à l’autre, ne furent même pas dérangés, à croire qu’ils n’étaient pas concernés par cette élection étrange. Étrange par son mode de fonctionnement d’abord. Vu de France, on ne comprend pas grand-chose à ce système indirect où les électeurs votent dans chaque État pour élire des grands électeurs. Ces derniers s’engagent unilatéralement –sans que rien ne les y oblige- à voter pour le candidat qui arrive en tête. Un candidat gagne donc tous les grands électeurs d’un État même si le score est plus que serré. D’où des efforts mesurés uniquement dans les États qui comptent, indécis et avec un grand nombre de grands électeurs. Un président peut donc être élu même si le nombre total de votes est plus favorable à l’autre candidat. De même, pour des raisons historiques, le vote a lieu un mardi de semaine où les gens travaillent. De fait, beaucoup votent par anticipation (près d’un tiers). Les résultats tombent ensuite au coup par coup, en fonction du décalage horaire d’ouest en est dans ce pays immense. Pire, certains États donnent leurs résultats bien après la fin de la bataille comme la Floride qui livre tout juste son verdict. En 2000, le suspense avait été à son comble avec un résultat seulement…un mois après ! En attendant, l’Amérique essayait de se trouver son futur guide, George W. Bush et Al Gore se déclarant tous deux vainqueurs. La faute à un système complexe où les citoyens sont amenés à choisir en même temps tout un tas de représentants et à répondre à des questions locales sous forme de référendum. Les bulletins pouvaient donc atteindre…4 pages cette année !
Étrange aussi par sa sonorité au sein de notre pays. Dire que la presse souffre d’Obamania serait en dessous de la réalité. Et pourtant, même moi qui suis plutôt pro-Obama, je me suis senti gêné par cette absence de neutralité de la presse hexagonale dans son ensemble. On a parfois l’impression de faire face à un Dieu plutôt qu’à un simple candidat à une élection présidentielle. Le candidat républicain était systématiquement caricaturé (riche, homophobe, pro-avortement, stupide…). Un peu plus d’impartialité aurait été la bienvenue. D’autant plus que contrairement à notre vision française, l’élection était loin d’être gagnée par le président sortant. Et si l’ampleur de la victoire (en grands électeurs) ne fait aucun doute, c’est nettement moins vrai en ce qui concerne le suffrage populaire. Le match était beaucoup plus serré qu’en 2008, bien symbolisé par la situation dans l’ État de Floride avec moins d’un point de différence entre les deux candidats.
Bref, 4 ans plus tard, le soufflet est bien retombé. Barack Obama l’écologiste s’est perdu et après l’échec monumental du sommet de Copenhague, il n’a pas pu mieux faire que tous ses prédécesseurs en ne ratifiant toujours pas le Protocole de Kyoto. Pire encore, son seul succès, la baisse des gaz à effet de serre, n’est dû qu’à la crise et au ralentissement économique du pays. Et alors que la France semble se refuser à exploiter les gaz de schiste, l’Amérique explose de partout avec une certaine anarchie avec un seul credo : l’emploi avant tout. Pourtant, comme un symbole, l’ouragan Sandy est venu rappeler au président en exercice qu’en matière écologique, tout restait à faire.
En matière de droits civiques et d’immigration, là encore le bilan n’est pas très glorieux. Barack Obama est tout simplement le président à avoir fait exécuter le plus grand nombre d’expulsions, soit 1 600 000 en 4 ans. Il a certes nommé quelques personnalités issues des minorités à des postes clés mais ceci a juste valeur de symbole.
En matière économique et fiscale, les points clés de l’élection, le bilan est plus contrasté et compliqué. La situation était telle quand il est arrivé qu’on ne saurait lui imputer l’état de l’Amérique, toujours en difficulté à l’heure actuelle. Il a réussi à endiguer la hausse du chômage puis à le faire baisser en toute fin de mandat (8% à son arrivée contre 7,8% en septembre 2012). De ce point de vue là, en comparaison avec l’Europe, c’est plutôt un succès. Quant aux impôts, il n’a pas fait de miracle. Les riches n’en payent toujours que très peu (Warren Buffet ne cesse de le rappeler) et l’écart entre les deux extrêmes, loin de se réduire, s’est encore accentué en 4 ans. Lynne Bernier, professeure de sciences politique américaine, n’y va pas par 4 chemins pour résumer la situation : « l’inégalité entre riches et pauvres est de plus en plus importante : la classe moyenne disparaît ».
Quant à la politique extérieure, sujet très sensible aux Etats-Unis, encore renforcé depuis un certain 11 septembre 2001, Barack Obama aura suscité autant d’espoir que de consternation. Le lauréat controversé du prix Nobel de la paix en 2009 n’a, par exemple, toujours pas fermé Guantanamo en dépit de ses promesses. Si ses troupes ont bien quitté l’Irak, elles sont toujours en Afghanistan avec un fiasco à la clé alors que le président avait qualifié ce combat de « guerre qu’il fallait gagner ». Sur le dossier iranien, on a l’impression d’un statut quo alors que la communauté internationale s’attendait à plus de fermeté. Quant au printemps arabe, là encore, on nage dans la confusion avec une aide tangible à la Libye mais un retrait affiché en Syrie où les massacres continuent. Quant au conflit israélo-palestinien, là aussi, on attendait un miracle qui n’est jamais venu.
Tout ceci est un peu à l’image de Barack Obama en définitive. On a plus l’impression d’un leurre surtout en se penchant dans le rétroviseur et à la vue du formidable mouvement d’enthousiasme de 2008. Alors certes, il aura réussi quelques avancées, notamment du côté de la santé, même si beaucoup reste à faire pour atteindre son objectif avec une assurance santé pour tout américain en 2014 (48 millions d’habitants en sont toujours dépourvus) mais on reste sur notre faim. Son succès, il le doit surtout à la démographie américaine, de plus en plus jeune et métissée (seulement 39% des électeurs blancs ont voté pour lui contre 93% des électeurs noirs). Cette diversité sera sans doute le cauchemar du parti républicain qui devra rapidement trouver un cap pour mobiliser ses électeurs et en gagner de nouveaux parmi cette frange de population pour pouvoir faire basculer l’élection en sa faveur dans 4 ans. Barack Obama lui-même a dû procéder à son auto-critique en forme d’aveu échec : « Le progrès est difficile. Le changement peut être lent ». Pour autant, il demeure confiant en l’avenir et affirme que toutes ses promesses seront tenues : « Si vous voulez bien continuer à tenter d’atteindre cette vision des Etats-Unis que nous portons dans notre cœur, le changement viendra ». Avec le recul, j’ai toujours envie de le croire mais je suis nettement plus prudent. L’avenir nous dira si j’avais tort ou raison. Et vous, que pensez-vous de cette réélection ?
Admin au service du peuple
C’est beau
Je vais finir par croire que l’intimidation prévaut toujours sur le dialogue
Même si je suis éffaré de la non mention du congrès passé au main de l’ennemi à mi-mandat, ainsi que des ravages sur l’économie non pas de Sandy (je ne connais pas toutes les starlettes montantes) mais bl et bien de PSY et Bieber qui maltraitent depuis le début le bon-sens de la vie américaine
A votre service! Pourquoi parler d’intimidation? Juste d’une requête que j’ai pris plaisir à satisfaire.
Oubli réparé du coup. C’est vrai qu’il n’a pas les coudées franches avec le Congrès perdu à mi-chemin et qui n’a guère évolué mardi dernier. Il lui reste le Sénat mais il va devoir cravacher dur pour faire passer ses réformes. D’autant plus qu’il n’a environ que 2 ans puisque les 2 dernières années d’un mandat renouvelé sont historiquement improductives aux Etats-Unis. Le président en poste s’escrime à ne pas faire de vagues pour tenter de placer son poulain. Barack Obama avait lui-même commencé sa course en janvier 2007 pour l’élection de novembre 2008.
Sinon tu oublies quand même Lady Gaga et Britney Spears, toujours présente, si pathétique soit-elle.
Bien vu pour les 2 courges
Et oui, il ne faut pas les oublier. On essaye mais on n’y arrive pas. Il y a toujours un crétin pour les remettre en selle ou alors elles vomissent sur scène, se droguent… pour qu’on parle d’elles. Impossible d’y échapper!