C’est en tout cas l’espoir des chercheurs de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire de l’Université de Nice-Sophia Antipolis, avec à leur tête Éric Lingueglia, qui viennent de publier une étude. Elle montre que le venin du serpent des savanes, connu aussi sous le nom de Mamba noir, contient des mambalgines, des peptides ou des protéines capables de supprimer la sensation de douleur. Ces résultats viennent d’être publiés dans la revue Nature du 3 Octobre dernier.

Ce serpent venimeux pouvant atteindre jusqu’à 4 mètres de long est très répandu en Afrique et notamment en Afrique du Sud, au Cameroun, en Côte d’Ivoire ou encore au Sénégal. Si son venin est mortel du fait de la présence de neurotoxines et de cardiotoxines, il contient aussi 2 mambalgines pouvant supprimer la douleur en inhibant certains ASICs (Acid-Sensing Ion Channels ).  Ces derniers, faisant partie d’une famille de protéines présentes dans la membrane des neurones, sont directement impliqués dans le message nerveux de la douleur. Les chercheurs s’appliquent donc à bloquer leur action pour atténuer la douleur. Or si la morphine y arrive assez bien, elle génère aussi son lot d’effets indésirables. Avec les mambalgines, ces derniers seraient moins présents tout en conservant un fort effet antalgique, comparable à la morphine. Selon, une des scientifiques, Anne Baron, la mambalgine « a un effet durable contre la douleur chez les souris qui peut être aussi fort que la morphine. Elle agit à la fois sur le système nerveux périphérique et le système nerveux central ».

Pour le moment, seuls des tests sur des souris ont été effectués. Ceux-ci ayant été concluants, une étude clinique sur l’homme va prochainement suivre. Après 5 ans de recherche, les chercheurs à l’origine de l’étude envisagent en effet le développement d’un  nouveau médicament. En attendant, ils ont d’ores et déjà déposé un brevet sur la nouvelle molécule qu’ils ont réussi à isoler : la mambalgine. La nature n’a pas fini de nous surprendre !