La Suède est réputée pour être un des pays les plus égalitaires voire le plus égalitaire au monde. Point de distinction entre les femmes et les hommes là-bas à tel point que vous risquez de passer un sale quart d’heure si vous tenez la porte à une femme alors que vous êtes un homme. La simple courtoisie passera pour du machisme –et oui c’est du vécu ! Du coup, quand la version suédoise du journal Metro révèle que la version du catalogue Ikea destinée à l’Arabie saoudite a été expurgée de toutes ses femmes, le scandale n’est pas loin.

Les réactions ne sont donc pas fait attendre. La ministre au Commerce extérieur, Ewa Björling, a exprimé son ressenti via un communiqué : « Cela ne se fait pas de supprimer ni d’effacer les femmes de la réalité. Si l’Arabie saoudite n’autorise pas aux femmes d’être vues, entendues ou de travailler, elle se passe de la moitié de son capital intellectuel ». Sa collègue, la ministre des Affaires européennes, Birgitta Ohlsson, lance sur twitter un : « Carrément moyenâgeux! ».

Ikea s’est rapidement fendu d’un communiqué pour évoquer une erreur : « Ce n’est pas notre franchisé saoudien qui a réclamé que les photos évoquées soient retouchées. L’erreur s’est produite pendant le processus de travail avant la présentation du projet de catalogue IKEA pour l’Arabie Saoudite. Nous prenons l’entière responsabilité pour les erreurs commises ». Effacer numériquement toutes les femmes du catalogue  serait donc…une erreur !

Drôle de terme un rien hypocrite pour évoquer une adaptation au marché local où Ikea soigne particulièrement ses clients qui lui apportent une croissance annuelle à 2 chiffres dans ces 3 magasins. Or les droits des femmes sont marginaux en Arabie saoudite avec une ségrégation stricte. Les femmes, par exemple, ne peuvent se déplacer seules sur la voie publique. Elles doivent obligatoirement être accompagnées d’un homme. Mais plutôt que de reconnaître une stratégie assumée (plaire au pouvoir local pour continuer son extension) quitte à s’autocensurer, Ikea préfère parler d’erreur… Sans commentaires.

L’hypocrisie est telle que le groupe se confond en excuses : « Inter IKEA Systems, qui détient la marque, regrette ce qui s’est passé et comprend que les gens soient bouleversés. Nous allons naturellement revoir nos routines et nos procédures de travail pour s’assurer que cela ne se reproduise plus ». Pas sûr que cela suffise pour redorer son blason auprès des principales intéressées.