Si je ne m’attendais pas à voir passer que des propos dithyrambiques, je n’étais pas non plus préparé à ce flot de haine. Entre les anti-Free et ceux déçus par la mise en place laborieuse de ses services, la toile aura connu son flot d’injures. Or nous pouvons tout de même saluer la promesse respectée de Xavier Niel répétée en boucle sur toutes les antennes, à savoir diviser au moins par deux la facture de téléphonie mobile. Et c’est sans surprise que tous les opérateurs, les trois historiques et les MVNO, ont ajusté leurs prix immédiatement après l’annonce fracassante de Free.
Certains auront été déçus du lancement catastrophique, Free ne se trouvant pas en mesure d’enregistrer le moindre abonné le premier jour, ce qui fait un peu tâche tout de même. Ensuite, les délais d’envoi des cartes SIM n’ont été que moyennement respectés quand certains se sont retrouvés carrément sans possibilité d’utiliser leurs joujoux hors de prix, la portabilité n’ayant pas été effectuée en temps et en heure tandis que leur précédent abonnement avait bien été coupé. Notons aussi que certains petits malins se déchaînaient sur Free en se montrant incapables de faire fonctionner leur carte SIM free flambant neuve alors que même leur téléphone n’avait pas été débloqué (j’en connais !). Finalement, Free, par l’intermédiaire de l’inénarrable Xavier Niel plaidera en partie coupable, disant s’être fait débordé par le succès de l’offre. Nous pourrons ici douter de la bonne foi de l’argument tant le succès commercial aura été annoncé au préalable. Tout le monde s’attendait au raz-de-marée. Sauf Free apparemment…
Certains défendaient sans vergogne les opérateurs historiques criant au loup, parlant de suppressions d’emplois et des centres d’appel de Free qui n’avaient rien de français à l’heure où ce dernier mot redevenait à la mode à la faveur d’un candidat à la présidentielle. D’autres évoquaient la baisse prévisible des revenus de l’Etat dus à la baisse globale du chiffre d’affaire imputable à la baisse des prix ; un comble tout de même. Ensuite, Free était logiquement attaqué sur son manque de boutiques, justifiant à lui seul l’écart insensé des prix des abonnements. Enfin, une dernière salve fut administrée contre le réseau de Free, jugé instable, non activé ou à la traîne.
A ces mauvaises langues, je demanderai juste de me dire où ils croient que sont situés les centres d’appel des candidats ? Qui n’a jamais eu un interlocuteur travaillant pour Bouygues, Orange ou SFR nécessitant une recherche désespérée sur son téléphone la fonction traduction ?
L’argument des boutiques peut aussi être balayé d’un revers de la main, ces dernières ne servant plus qu’à vendre. Lorsqu’un problème pointe à l’horizon, c’est bien vers le SAV que l’on nous oriente, délocalisé depuis bien longtemps en terre africaine. Un de mes amis a récemment fait une tentative pour s’offrir le dernier iphone 4S. Le responsable de la boutique l’a renvoyé sans broncher vers un numéro de téléphone obscur. Au bout du troisième interlocuteur, il s’est vu répondre de se rendre en boutique. Motivé comme jamais, il a eu la clairvoyance de préciser que c’était de là qu’il venait. La personne à l’autre bout du téléphone s’en est alors tirée en l’orientant vers un site internet. Toujours pas découragé, il a alors tenté d’effectuer sa demande sur internet avant de voir que l’étape finale finissait inéluctablement par échouer. C’est finalement sa femme qui l’a sorti de ce mauvais pas en saisissant à nouveau son téléphone pour incendier son nouvel interlocuteur qui a pu débloquer sa situation. Comme quoi, cet exemple illustre à merveille qu’on peut avoir des boutiques et ne pas s’en servir.
Concernant la baisse du chiffre d’affaire global du secteur qui amputerait d’autant de taxes les caisses de l’Etat, l’argument opposé est que cet argent retournera d’une manière ou d’une autre à l’Etat en étant réinjecté dans l’économie.
Enfin, l’attaque sur le réseau est plus que petite, l’ARCEP ayant rappelé aux étourdis qu’aucun des trois opérateurs historiques n’avait respecté ses engagements à l’époque et qu’elle a dû à nouveau taper du poing sur la table en 2009 pour les obliger à respecter leurs engagements de couverture. On ne monte pas un réseau du jour au lendemain sans récolter le moindre euro pour pouvoir continuer son œuvre.
Evidemment, le nombre d’employés restreint de Free (entre 1 000 et 1 500 selon les articles que j’ai pu lire) explique en partie une telle différence de prix (100 000 à Orange par exemple). Mais ceci n’explique pas tout non plus. D’ailleurs Bouygues, pourtant si prompt à relativiser la fuite des ses clients, vient tout juste de baisser le prix de ses forfaits classiques.
Et quand l’Etat avait imposé un forfait social aux opérateurs, l’opération de com’ avait accouché d’une souris avec un forfait de 8€ pour 40 min quand free propose 2€ pour 60 min et 60 SMS sans engagement et sans carte à réapprovisionner.
Pour conclure, je remercie free d’avoir donné un coup de pied dans la fourmilière et je peux désormais accéder à la classe des « gens bien» (entendre qui ont un portable) même si je n’ai pas de smartphone. Et oui, résistant de dernière heure, j’ai cédé à l’appel de Xavier Niel et de son forfait à 0€ pour les freenautes. J’avais eu l’air un tantinet « couillon » quand nous avions déblatéré avec un ami hostile aux mobiles de longues minutes en vacances sur la vacuité de l’objet auprès d’un autre ami avant de lui emprunter à maintes reprises. Logique quand tu nous tiens…
Cela me fait aussi plaisir pour notre Président qui avait selon Xavier Niel tout fait pour l’empêcher de se lancer. François Fillon aurait lancé l’appel d’offre du quatrième opérateur en conseil des ministres, suite à l’absence de quelques minutes de son big boss et aurait validé ledit appel d’offre pendant le malaise vagal de ce dernier. Ceci explique les remerciements de Xavier Niel en fin de conférence de presse auprès du Premier ministre en occultant bien le Président qui ne voulait sans doute pas décevoir son ami Martin Bouygues, témoin de son second mariage et parrain de son troisième enfant… Malheureusement, les romanichels ont débarqué l’empêchant de profiter pleinement de la vue de son château.
Vous avez oublié ce flot de haine déversé par FREE au cours de ces dernières années contre les autres opérateurs et leurs clients. Moi au moins, je n’ai jamais été condamné pour proxénétisme !
FREE un coucou qui dénigre ceux qui l’héberge.
C’est partiellement exact et vous avez raison de le préciser. Xavier Niel a été condamné à deux ans de prison avec sursis et à 250 000 euros d’amende en 2006 pour recel d’abus de biens sociaux concernant son premier business, lancé au milieu des années 1980, qui tournait autour du minitel rose, des peep-shows et sex-shops. En revanche, le juge a rendu un non lieu concernant l’accusation de proxénétisme.
Et effectivement, je vous le concède, Xavier Niel n’a pas été avare de bons mots concernant les opérateurs rivaux. Ceci dit, si nous disposons en France d’un des accès à internet le moins cher du monde, c’est grâce à lui. Et à l’inverse, l’accès a la téléphonie mobile était l’un des plus chers au monde. D’ailleurs, les 3 opérateurs ont déjà été condamnés par le passé à des amendes records pour entente. Je ne peux donc que saluer et encourager la venue d’un 4ème acteur qui faisait défaut jusqu’alors. Evidemment, je garde en mémoire que Xavier Niel n’est pas un philanthrope mais bien un chef d’entreprise averti.
Merci pour votre contribution.
« Et à l’inverse, l’accès a la téléphonie mobile était l’un des plus chers au monde. » Faux à l’heure du lancement de Free Mobile. Dans la moyenne européenne.
Je suis content qu’il y ait un 4ème opérateur. Tout comme je suis content qu’il y ait des MVNO. Cependant, deux points m’embêtent considérablement:
1) La communication de Free, de type diffamatoire. Plutôt que de vanter les mérites de son réseau/service, Free passe son temps à taper sur ses concurrents. Cela se traduit par la création d’une communauté de Freenaute, prête à tout pour plaider la cause de Free. J’ai personnellement « subit » plusieurs assauts de ces « fans », car je n’ai pas Free (et donc j’ai rien compris). Je trouve cela fous d’en arriver à un tel acharnement pour un débat sur les télécoms.
2) La qualité des réseaux. Un service « cher » permet de d’entretenir et de faire évoluer les réseaux. Je conçois qu’il permet aussi d’enrichir les actionnaires. Mais ce point est aussi valable pour le millardaire Niel. Le réseau mobile est en perpétuelle évolution depuis sa création (2G, 3G, … 4G bientôt). Hors cela coûte très cher. Un service data illimité à 20€ (ou même à 10€ chez Virgin…) ne permet pas selon moi d’investir dans un réseau de qualité. D’ailleurs les 1ers signes ne trompent pas : Free a construit son réseau en grosse partie avec l’équipementier chinois (et non l’équipementier franco-américain ni l’équipementier nordique). Je passe la remarque sur l’emploi en France et occident… et Free a acheté beaucoup moins de bande de fréquence que ses concurrents. Donc certes ce n’est que des hypothèses sur la qualité finale du réseau, mais je suis inquiet sur l’évolution de nos réseaux mobile à long terme. D’ailleurs sur ce point on peut constater (sans mise en cause de Free) que le réseau Fixe de type fibre optique peine à se développer. Le prix d’un internet fixe plus élevé aurait-il pu permettre de développer plus rapidement la fibre optique?
C’est vrai que Xavier Niel ne rentrera certainement pas dans la catégorie des gentlemen en terme de communicant. Ceci dit, l’argument est aussi valable pour ses concurrents car Martin Bouygues, comme je le signale dans mon billet, avait aussi fait allusion au romanichel Niel tandis que Stéphane Richard (Orange) ne l’épargne pas non plus.
Quant au prix de la téléphone mobile, j’avoue avoir rédigé ce billet de mémoire. J’ai donc fait quelques recherches, suite à votre intervention, qui ne m’ont pas convaincu sur votre argument. Dès 2009, la commission européenne dénonçait cette situation en France( http://www.infos-du-net.com/actualite/15380-forfait-telephone.html ) et la situation n’avait guère évolué il y a tout juste un an ( http://www.touteleurope.eu/fr/actions/economie/concurrence/presentation/carte-prix-moyens-des-services-mobiles.html ).
Je me permets de citer un extrait: « La France est le deuxième Etat où les prix sont les plus élevés, avec 29,77 €, soit 12 € de plus que la moyenne européenne. »
Je serais donc preneur de toute information me prouvant le contraire.
Et pour le réseau, Xavier Niel a donné rendez-vous en 2018 où Free Mobile devrait couvrir 90% de la population. Sur ce point, on en saura de toute façon plus très vite et on peut compter sur les usagers pour faire remonter des informations pertinentes. Je doute que les freenautes, si acharnés soient-ils, fassent l’impasse sur la qualité.