Alors info ou intox ? Ce sera à vous de décider à la vue de ces photos parues à la fois dans Voici et VSD. Sur celles-ci, on l’aperçoit au supermarché comme n’importe quel citoyen. François Hollande parle de photos volées tandis que ses détracteurs parlent d’opération de communication. Or là est bien tout le problème. Il a tellement survendu son image de français moyen durant toute la campagne présidentielle, proche du peuple à l’inverse du Président sortant, chantre du bling-bling, qu’on ne peut pas naïvement y voir là que pure coïncidence alors que l’écart dans les sondages n’a jamais été aussi ténu entre les deux candidats.

Sur le plateau de C à vous jeudi soir, il s’est défendu de toute manipulation : « Ce soir là, je revenais d’une émission, il n’y avait rien à manger à la maison, Valérie n’était pas là et donc je me suis dit, je n’ai pas d’autre solution que d’aller au supermarché. Et puis, il y a un photographe qui me suivait depuis cette émission et qui a pris des photos. Je ne savais pas qu’elles seraient publiées ». Il a même cru bon de préciser qu’il se rendait « quand même assez régulièrement » au supermarché pour clore sa démonstration.

Le Petit Journal de Canal + s’est alors rendu dans le supermarché en question pour vérifier les dires du candidat socialiste. Or, selon eux, le photographe ne se tenait qu’à quelques centimètres de lui. Impossible dans ces conditions d’avoir ignoré sa présence. Yves Calvi, au micro de RTL, le vendredi matin, tente d’en savoir plus sur cette affaire avec une question très directe :  « Vous avez réussi à imposer ce thème du président normal, qui était presque un engagement personnel dans cette campagne, ça se traduit notamment par une série de photos que je trouve personnellement stupéfiantes dans « Voici » et « VSD » : le « Président normal », est-ce que c’est celui qui fait semblant d’acheter ses compotes, et de faire ses courses dans des photos artificielles à l’épicerie du coin ? » L’intéressé nie alors tout trucage de sa part : « Elles ne sont pas artificielles. Il s’est trouvé que rentrant un soir, j’ai été amené à faire mes courses dans l’épicerie du coin, comme vous dites » avant de préciser : «  Et un photographe m’a suivi pour des photos non autorisées que je ne pouvais pas empêcher. Mais si votre question est : est-ce que je fais mes courses ? Ma réponse est oui. » Le reste de l’interview se déroule selon le même acabit où François Hollande prétend faire régulièrement ses courses. Selon lui, le photographe, qu’il admet avoir vu, l’a simplement suivi puis a vendu les clichés à des magazines sans l’en informer. En guise de conclusion sur le sujet, il lâche même qu’ « (il continuera) s’il n’y a plus rien dans le frigidaire » une fois Président dans l’optique où il sortirait vainqueur des urnes dimanche.

Il aura toutefois du mal à convaincre du caractère spontané de l’ensemble, surtout à l’heure où les communicants ont pris le pouvoir, décidant de tout au point d’anesthésier le cerveau de nos leaders incapables de vivre sans eux et les sondages sur leur image. Bon nombre de dirigeants se sont ridiculisés en parlant du coût de la vie, ne sachant pas donner le prix d’une baguette pour un grand nombre de parlementaires en 1993, découvrant pour la première fois de leur vie le métro (Balladur en 1995), se trompant dans le prix du pain en 2002 (Jospin) ou bien encore, plus récemment, en évaluant le prix d’un ticket de métro à 4 euros et quelques (NKM). Il semblerait donc improbable qu’un candidat, et pas n’importe lequel, dans la dernière ligne droite aille tranquillement au supermarché un photographe aux basques. Quant à la date de parution, au lendemain du débat, j’ai du mal à croire qu’elle résulte uniquement d’un concours de circonstances. De toute façon, cette mascarade de deux candidats proches du peuple va bientôt cesser puisque l’un d’entre eux en sera nettement plus proche dès dimanche soir !