La mode des éléments de langage

A scruter le langage de nos politiques, on est bien obligé de constater que les éléments de langage prennent un poids considérable. La langue de bois, enseignée à l’ENA, est plus que jamais d’actualité. Focus sur la contribution climat-écologie.

Prenez n’importe quel politicien et demandez-lui de lui décrire un des animaux préférés des Français, le chat. Vous verrez qu’il fera un usage immodéré du dictionnaire des synonymes, se référant même à sa définition, sans toutefois prononcer le mot tabou une seule fois. Appeler un chat un chat leur est désormais devenu impossible. De même, c’est grâce à leur génie qu’un balayeur est devenu un technicien de surface (ça change tout !). Parfois, tout de même, la machine connaît des ratés puisque le sans-abri, devenu un sans domicile fixe (une merveille cette trouvaille !), a finalement retrouvé le chemin populaire en redevant un vulgaire SDF. Plus récemment, on a connu « la croissance négative ».

Et comme le gouvernement est très joueur en ce moment, Jean-Marc Ayrault a décidé de mettre tout le monde à contribution avec Taboo, le fameux jeu qui interdit de prononcer certains mots. Et pour corser le tout, il a aussi interdit d’utiliser des synonymes. Exit donc les gros mots du genre impôts ou taxe et bienvenue « aux comportements vertueux »,  à la « fiscalité de substitution », au « verdissement de la fiscalité » voire même à la « nouvelle contribution ».

Après l’annonce polémique du ministre de l’Environnement, Philippe Martin, à l’Université d’été de La Rochelle, qui a déclaré vouloir remettre au goût du jour la taxe carbone, tous les ténors de gauche ont donc joué au grand jeu gouvernemental. Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve a ainsi affirmé que la contribution controversée climat-énergie « n’était pas une fiscalité de plus ». Philippe Martin tentait aussi de désamorcer la bombe qu’il a lui-même lancée : « Ce n’est pas une fiscalité additionnelle mais une fiscalité  de substitution (…) S’il s’agissait d’une taxe nouvelle, je serais contre, comme j’étais contre la taxe carbone ». Benoît Hamon tente, lui, de faire croire au principe du pollueur-payeur (oubliant sans doute que nous sommes des pollueurs !) et donc que le quidam sera épargné : « L’objectif, c’est de faire en sorte que les modes de consommation d’énergie les plus impropres pour l’environnement soient davantage taxés, et ceux qui sont les plus vertueux le soient moins ». Najat Vallaud-Belkacem se lance, elle, dans le lyrisme, voyant là le moyen « de verdir des taxes déjà existantes », mais surtout pas de « nouvelle taxe ».

J’abrège cet article en vous faisant grâce de toutes les déclarations les unes plus hilarantes que les autres pour nous faire croire qu’on ne nous fera pas à nouveau les poches d’ici 2017. Ce qu’il faut surtout retenir de ce nouvel impôt-taxe (ah mince, j’ai perdu !), c’est que la gauche a peur de se prendre une grosse branlée électorale victoire non probante (marrant finalement ce jeu de Taboo !) aux prochaine municipales dans la lignée des élections partielles toutes perdues depuis mai 2012 (8 sur 8 !) et préfère faire un gros cadeau à ses alliés verts afin de conclure au plus vite des accords que les écologistes refusaient jusqu’à présent. Il n’y a pas à dire, quel génie ce François Hollande ! (Voulant m’évitant un procès pour diffamation, je vous laisse trouver le mot tabou à trouver pour remplacer celui de génie…)

 

5 thoughts on “La mode des éléments de langage

  1. admin says:

    C’est exactement cela. Comme ils me fatiguent ces énarques!
    Nouvelle version avec les retraites maintenant… Ils essaient de nous faire croire qu’ils ne nous font pas les poches alors qu’ils augmentent les cotisations et allongent la durée de cotisations tout en claironnant partout qu’ils ne touchent pas à la CSG!!! :evil:
    Bien résumé par les Guignols pour leur reprise lundi. A PPDA qui demande à Hollande ce qu’il compte faire en Syrie, il lui répond: « Une taxe ». Et PPDA de lui demander le rapport entre la Syrie et une nouvelle taxe: « Je ne sais pas mais c’est tout ce qu’on sait faire! ». Vraiment bien résumé; impossible de mieux faire.

  2. admin says:

    Hé, hé… Les guignols s’en sont donné de bon cœur mercredi sur ce thème: « Il n’y a pas de hausse du chômage mais une diminution de l’augmentation. Il n’y pas la guerre en Syrie mais la fin de la paix. Ils ne font pas du bon boulot au gouvernement mais s’enfoncent gaiement dans les galères. Il n’y a pas de chômeurs mais 5 millions de gens qui travaillent à trouver du travail »… J’ai bien ri. Heureusement qu’ils sont là!!! :mrgreen:

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