Quatre euros et quelques

Interrogée sur le prix du plus célèbre moyen de transport parisien par un auditeur, Nathalie Kosciusko-Morizet a commis une légère boulette sur Europe 1 vendredi matin. Elle a tenté une vague réponse à 4€ au petit bonheur la chance mais elle est malheureusement tombée assez loin puisque son prix est actuellement d’1,70€, comme le lui a fait remarquer le journaliste Nicolas Poincaré. En toute fin d’interview, elle a tenté de rattraper sa bourde par une explication qu’on pourrait qualifier d’alambiquée : « Quand on est ministre, on prend peu le métro, c’est vrai, je le reconnais. Et quand on le prend, on a le métro gratuit, notamment quand on est ministre des Transports. Donc mea culpa, mais ça fait bien longtemps que je n’ai pas acheté un ticket de métro« . Doit-on en déduire que NKM a oublié le prix du métro depuis qu’elle est ministre (elle est rentrée au gouvernement en 2007) comme elle a essayé maladroitement de l’expliquer ou plus vraisemblablement qu’elle n’est qu’une énième personnalité politique complètement déphasée du quotidien des Français trop habituée à vivre de notes de frais réglées par la République ? Je vous laisse seul juge.

Récemment, dans une tentative d’une évidente mauvaise foi pour réhabiliter son ami, Christian Estrosi avait demandé aux journalistes d’arrêter de rabâcher l’histoire du Fouquet’s en précisant qu’elle n’était après tout qu’une brasserie populaire. A 8€ l’expresso ou encore 17€ la pâtisserie pour ne citer que ces deux exemples, le Fouquet’s a en effet tout d’une brasserie populaire…quand on règle tout en notes de frais ! C’est bien le peuple qui règle la note in fine.

Dans la même veine, on se rappelle de Lionel Jospin qui avait tenté d’acheter son pain au lendemain du passage à l’euro en donnant 7€ et en précisant de garder la monnaie devant les caméras… Pour un candidat aux Présidentielles, cela était du plus mauvais effet.

Soulignons aussi sur un autre thème la bourde inoubliable de Ségolène Royal sur le nombre de sous-marins nucléaires. Au lieu d’avouer son ignorance sur le sujet ou d’user de sa spécialité, la langue de bois, elle s’était risquée à tenter sa chance d’un peu convaincant : « un, deux ? ». La vérité était toute autre puisque la France possède six sous-marins nucléaires d’attaque dont quatre lanceurs d’engins.

On voit bien à travers ces exemples que les bourdes ne sont ni l’apanage de la droite ni celui de la gauche. Outre leur désir ne jamais avouer leur ignorance -a-t-don déjà vu pareille scène un jour ?-, on peut fustiger le décalage réel existant entre la vie de nos élus qui vivent grassement sur le dos du peuple qu’ils sont censés représenter. VGE, déchu de ses immenses privilèges en 1981, reconnaissait lui-même qu’il lui avait été impossible de retourner à la vie normale après son expérience élyséenne. Il avait décrit avec justesse ce qu’est la vie d’un Président où on anticipe le moindre de ses désirs. Il a avoué ne plus jamais avoir conduit ou pris part à une file d’attente par la suite. Et c’est à mon sens bien là le problème principal de nos élites. Ils prennent vite l’habitude de vivre en total décalage de leurs concitoyens. On peut toujours espérer que tel ou tel candidat soit plus en phase avec les Français et se mette alors à écouter, on peut toujours  rêver à toutes les belles promesses des uns et des autres. Partant du principe que les promesses n’engagent que ceux qui y croient, j’y ai renoncé depuis belle lurette… Et vous ?