Le vote blanc partiellement reconnu comptera toujours pour nul

L’idée est pourtant bonne à la base. Faire cesser cette ineptie qui veut qu’on assimile votes nuls et blancs. Comme si raturer des noms ou y exprimer sa rage revenait au même que de faire son devoir de citoyen en mettant dans l’urne un bulletin vierge. Le geste se veut symbolique et le message fort. Puisque je ne me sens pas représenté par les partis existants, je vote blanc. Et pourtant, en ne les prenant en compte, et pire en les mélangeant avec les bulletins nuls, on dénaturait jusqu’à présent cet acte. Alors les députés centristes de l’UDI ont porté une proposition de loi à l’Assemblée nationale pour corriger cette incongruité dans un pays démocratique, ce d’autant plus que bon nombre de pays européens le reconnaissent déjà. Validée à l’Assemblée hier, elle va désormais prendre le chemin du sénat.

Un immense progrès salué de toutes parts. Alain Vidalies, le ministre des Relations avec le Parlement, parle de « pas important (…) pour la première fois ». Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone va encore plus loin en évoquant un « progrès démocratique majeur ». Jean-Louis Borloo, président de l’UDI (le parti qui a porté la proposition) donne dans le même registre en saluant « une avancée démocratique majeure ». Gilbert Collard, au nom du FN, s’enflamme en se déclarant « favorable d’une manière passionnée au vote blanc ». Bref, c’est la surenchère des superlatifs tous partis confondus.

Et pourtant ce n’est que le premier pas. Pour se faire entendre, mieux valait voter dans les extrêmes ou mieux encore s’abstenir. Pas une soirée électorale désormais sans le sempiternel commentaire suivant : « La victoire de l’abstention ! ». François Bayrou y était favorable dès 2007 et encore 2012. François Hollande en avait alors fait une promesse de campagne. Oui mais voilà. Comme à son habitude, il s’en tire par une pirouette. Cette fois, il a donné son aval à condition qu’elle ne figure pas dans le nombre de suffrages exprimés.

Exemple : Supposons que 100 personnes sont appelées à voter entre Mme X et M.Y. Madame X obtient 37 voix, Monsieur Y 35, 20 ne viennent pas voter et 8 personnes votent blanc ou nul. Quels sont les résultats de cette élection : victoire de Madame X avec 37% des voix. Et non ! Car le système français élimine du décompte final les abstentionnistes et les votes blancs ainsi que nuls. On parle alors de suffrages exprimés. Par une simple opération mathématique, cela donne donc 51% des voix pour Madame X contre 49% pour Monsieur Y. L’abstention et les votes nuls ainsi que blancs sont tout simplement éliminés de l’équation. Et ne croyez pas que ces chiffes sont dus au hasard puisque ce sont ceux de l’élection présidentielle de 2012 (plus de 2 millions de votes blancs et nuls) !

Alors quelle sera la réforme majeure dont tout le monde politique se vante? Intégrer le vote blanc dans le décompte final ? Non, c’est juste que l’on fera une distinction entre les votes nuls et blancs. On saura désormais que 7 personnes ont voté blanc et 1 nul dans l’exemple donné ci-dessus. Pour autant, ils ne feront toujours pas partie des suffrages exprimés. Et c’était précisément l’exigence de l’exécutif pour adouber la proposition. Concrètement, un vote blanc ne changera pas grand-chose et ne pourra aucunement invalider une élection.

Car nos amis politiques ont bien compris que le danger existait. Avec la lassitude gagnant sur fond de crise économique, la masse silencieuse peut faire basculer une élection. Et ce n’est pas le simulacre de démocratie au PS avec la désignation plus que l’élection d’Harlem Désir ou la foire d’empoigne pour la présidence de l’UMP voire le caractère filial du pouvoir au FN (les 3 premiers partis de France à l’élection présidentielle tout de même !) qui donneront envie aux gens de voter pour eux. Alors, pour le bon peuple, une réformette qui ne bouleverse en rien leurs petites habitudes d’accord, mais une réforme en profondeur avec une redistribution des cartes dans une vraie démocratie, plutôt mourir ! Un fervent adepte du vote blanc, Gérard Gautier, qui se présente à chaque élection présidentielle avec ce seul leitmotiv, résume parfaitement la situation : « Mais croyez-vous que les élus ont envie qu’on prenne en compte un vote qui aurait notamment pour conséquences de faire baisser le financement de leurs partis? ». J’ai fait le choix de ne pas prendre de carte d’électeur car je ne me sens aucunement représenté par les partis en place. J’ai toujours dit que je la prendrais avec plaisir le jour où le vote blanc sera reconnu. J’ai eu un vague espoir avec Hollande. Mais non. Je continuerai inéluctablement à être un spectateur passif d’une élection qui n’a de démocratique que le nom.

6 thoughts on “Le vote blanc partiellement reconnu comptera toujours pour nul

  1. Julien says:

    Exclu :

    Résultats de l’élection présidentielle 2012 :

    F. Hollande : 2%
    N. Sarkozy : 2%
    Casse toi pauv’con : 20%
    T’es mou le beignet : 20%
    Y en a marre : 20%
    Blanc : 5%
    Ta gueule président : 2%
    M’en fout : 2%
    Tu m’emmerde avec ta crise : 2%
    Je voulais Le pen : 2%
    Je voulais Hulot : 0.99%
    Je voulais Poutou : 0.01%
    Abs : 20%
    Bulletins perdus : 2%

  2. admin says:

    C’est un bon décompte! :mrgreen:
    Il n’empêche qu’on risquerait de se retrouver comme au Pérou avec des votes blancs plus nombreux et une élection annulée. :shock:

  3. Tcho says:

    La politique est une véritable plaie, un bon retour au despotisme serait bienvenue ne serait ce que pour stopper la mutation de ce site vers un pamphlet politique :evil:

    Rass-le-bol :evil:

    Oui, je m’adresse à toi, commis :twisted:

  4. admin says:

    Je compte sur vous pour prendre le pouvoir alors Monsieur Tcho et faire de ce blog un des vos nombreux réseaux tentaculaires de propagande. Je serais trop heureux de vous servir votre seigneurie. :roll:

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